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La fortune du duc de Luynes reposait sur des bases trop odieuses pour être durable. Marie de Médicis conspira contre lui avec le duc d’Épernon. En même temps que le roi était obligé de combattre sa mère et de lui abandonner le gouvernement de l’Anjou, les protestants s’agitèrent de leur côté. Ils publièrent une déclaration d’indépendance à la Rochelle, et préposèrent de changer l’organisation de la France, et de partager en huit cercles les sept cents églises réformées qu’elle contenait ; c’était remettre en question l’unité du pays. Le roi marcha contre eux avec le connétable ; il fut repoussé au siège de Montauban. Le duc de Luynes atteint d’une fièvre dangereuse, que le chagrin de cet échec aggrava, ne tarda pas à succomber. Louis XIII, après avoir continué quelque temps les hostilités, signa la paix de Montpellier, par laquelle il confirma l’édit de Nantes ; mais il ne laissa aux protestants que la Rochelle et Montauban pour places de sûreté, et leur interdit toute réunion politique.

329. richelieu, 1624. — Tout allait bientôt changer de face. Marie de Médicis, revenue aux affaires, fit entrer dans le conseil l’évêque de Luçon, dont elle espérait se faire une créature. Armand du Plessis, duc de Richelieu, fils d’un capitaine des gardes de Henri IV, était alors âgé de 39 ans. Nommé cardinal, puis élevé au poste de premier ministre, il ne se contenta pas longtemps du pouvoir équivoque d’un favori ; il prit avec fermeté la direction des affaires, et y déploya aussitôt toutes les ressources et toute la vigueur de son génie. « Le roi a changé de conseil et le ministère de maxime, » écrivait-il à l’ambassadeur français près du Saint-Siège. On s’aperçut en effet qu’une nouvelle politique était inaugurée. Les plans de Henri IV furent repris et complétés. Richelieu se proposa un double but : affermir le pouvoir de la royauté, afin de maintenir l’unité de la monarchie ; placer la France au premier rang parmi les puissances européennes. Pour atteindre ce double but, il fallait, au dedans, abattre le parti protestant et la noblesse ; au dehors, abaisser la maison d’Autriche. Il commença par les protestants.