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330. ruine de la rochelle ; ruine du parti protestant. — Les calvinistes, puissants par le grand nombre de leurs frères répandus dans chaque province, étaient surtout à craindre tant qu’ils resteraient maîtres de la Rochelle, où il leur était facile de constituer une république maritime, et de recevoir de l’Angleterre des munitions et des vivres ; ils y possédaient déjà une marine assez considérable pour triompher de la flotte royale. Richelieu résolut de renverser ce boulevard du protestantisme. Une première expédition, dirigée par Soubise en 1625, n’ayant pas réussi, le cardinal alla faire en personne le siège de la Rochelle. Le duc de Buckingham, favori du roi d’Angleterre Charles Ier, amena une flotte et une armée au secours de la ville ; il fut battu. Pour abréger la résistance et pour empêcher l’arrivée de nouveaux renforts, Richelieu fit construire, malgré la mer et les vents, une immense digue qui ferma l’entrée du port. Cependant, la ville ainsi isolée résista encore onze mois ; le maire Guiton avait juré, en déposant un poignard sur la table de l’hôtel-de-ville, qu’il l’enfoncerait dans le cœur du premier qui parlerait de se rendre. La famine seule put dompter les assiégés ; ils firent leur soumission à la fin d’octobre 1628. De trente mille habitants, il en restait à peine cinq mille. On leur laissa leurs biens et le libre exercice de leur culte, mais on rasa les fortifications de la ville et on lui enleva tous ses privilèges. Le parti protestant avait perdu désormais toute importance politique. Richelieu s’attaqua à la noblesse.

331. Lutte contre la noblesse. — Politique de Richelieu. — « Nous serons si sots, disait le maréchal de Bassompierre, que nous prendrons la Rochelle. » La chute de cette ville fut en effet un véritable échec pour la noblesse, qui plus d’une fois avait fait alliance avec les protestants, et trouvé dans leurs complots une diversion utile à ses intérêts. Non-seulement les grands seigneurs inquiétaient la royauté par leur esprit d’indépendance, nais les gouverneurs des provinces se montraient fort disposés à seconder le morcellement de la France en une foule de petits États confé-