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dérés. Richelieu était donc condamné à voir son œuvre incomplète, s’il laissait subsister la puissance de la noblesse. Il ne recula devant aucune nécessité pour accomplir ses projets ; il ne craignit pas de s’attaquer aux têtes les plus élevées et de les faire plier sous le joug commun de la loi. Ainsi qu’il le disait lui-même, il renversait tout, fauchait tout, et ensuite couvrait tout de sa robe rouge. Le salut de la monarchie, qui se confondait à ses yeux avec la puissance absolue de la royauté, ne lui permit jamais d’hésiter devant une mesure de rigueur, lorsqu’il la jugeait indispensable. Abolition des privilèges, suppression des grandes charges[1], exils et disgrâces, jugements par commissions, condamnations juridiques, exécutions capitales, tout lui fut bon, la fin justifiant pour lui les moyens. Plus l’exemple était grand, plus il le croyait salutaire.

332. supplice des principaux seigneurs. — Les principales victimes de la politique du cardinal furent le jeune comte de Chalais, qui avait conspiré avec le duc d’Orléans Gaston, frère du roi ; le comte de Chapelle et le duc de Montmorency-Bouteville, punis de mort pour avoir affecté de se battre sur la place Royale, au mépris d’une ordonnance qui défendait le duel ; le surintendant des finances Marillac et son frère le maréchal, qui s’étaient unis à la reine-mère pour renverser Richelieu, et qui furent, l’un exilé, l’autre décapité ; le maréchal Henri de Montmorency, gouverneur du Languedoc, exécuté à Toulouse par sentence du Parlement de cette ville, pour avoir pris les armes contre le ministre avec Gaston ; enfin le jeune Cinq-Mars (v. ci-après). La reine-mère elle-même ne fut pas épargnée : emprisonnée à Compiègne, elle fut réduite à quitter la France, et mourut à Cologne dans l’abandon et la misère. Le duc d’Orléans n’obtint sa grâce qu’en sacrifiant tous ses amis et en s’engageant à aimer le cardinal. Le duc de Lorraine, qui lui avait fourni des secours, fut puni par la confiscation de son duché (1634).

333. conspiration de cinq-mars. — De tous les

  1. La charge de connétable fut supprimée après la mort de Lesdiguières, successeur de Luynes ; la charge d’amiral fut changée en celle de surintendant de la marine, que Richelieu prit pour lui.