Page:Magin-Marrens - Histoire de France abrégée, 1860.djvu/234

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fatigués de l’anarchie, si tout le monde avait besoin d’ordre et de repos, le goût effréné du luxe et des plaisirs qui s’empara des hautes classes, la misère profonde du peuple qui mourait de faim, le manque absolu de travail et la pénurie financière, annonçaient une crise imminente. Non-seulement il n’y avait pas un sou dans le trésor, mais l’émission des assignats avait atteint le chiffre énorme de 40 milliards. Les armées, qui n’avaient ni solde, ni chevaux, ni vêtéments, ni munitions, avaient perdu tout enthousiasme ; le vainqueur de la Hollande, Pichegru, s’était laissé gagner par les royalistes émigrés, et la guerre civile se rallumait en Vendée. Le Directoire montra d’abord une louable activité ; il assura l’approvisionnement de Paris, tourna l’ardeur des esprits vers l’industrie et l’agriculture, améliora le système d’instruction publique, déjoua le complot républicain de Babeuf, qui voulait rétablir le jacobinisme, et la conspiration royaliste de l’abbé Brothier et de La Villeheurnois en faveur du comte de Provence Monsieur, frère de Louis XVI, qui depuis la mort de son neveu se faisait appeler roi de France et de Navarre sous le nom de Louis XVIII. En même temps, il replaça la Corse sous la domination française, et mit fin à la guerre de Vendée. Stofflet et Charette furent pris et fusillés, le premier à Angers, le second à Nantes ; Georges Cadoudal, leur compagnon, s’enfuit en Angleterre, et le général Hoche pacifia l’Ouest à la tête de cent mille hommes (1796).

392. Succès au dehors. — Le Directoire fut plus heureux encore à l’extérieur. D’après un plan conçu par Carnot, trois armées, celle de Sambre-et-Meuse, sous les ordres de Jourdan, celle du Rhin, dont on avait retiré le commandement à Pichegru pour le donner à Moreau, et celle d’Italie, confiée au jeune Bonaparte, devaient se réunir sous les murs de Vienne, et frapper ainsi au cœur la maison d’Autriche. Jourdan s’avança jusqu’à Wurzbourg ; mais, battu sous les murs de cette ville, il dut se replier vers le Rhin. L’archiduc Charles, son vainqueur, se tourna contre Moreau, qui avait envahi la Bavière, et le força aussi à rétrograder ; ce fut alors que Moreau exécuta cette admirable retraite qui l’a immortalisé. Mais en Italie, la fortune demeura constamment fidèle aux armes françaises. Bonaparte, secondé par d’habiles lieutenants, Augereau, Masséna, Berthier, Lannes, Joubert, Murât, etc., remporta les brillantes victoires de Montenotte, Millesimo, Mondovi, Lodi, Cestiglione, Arcole et Rivoli (1796 et 1797), organisa la Lombardie en république Cisal-