Page:Magog - L'homme qui devint gorille, publié dans l'Écho d'Alger du 18 nov au 27 déc 1925.djvu/115

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— Qu’est-ce que cela veut dire ? demanda le vieux savant, en se pinçant furieusement le menton. Il n’est pas sûr, docteur Clodomir, que notre sujet soit fou. Je vois là un enchaînement de faits que mon examen, forcément superficiel, ne trouve point dénué de logique et qui semble indiquer qu’au moins partiellement le cerveau fonctionne. En tout cas, il est capable de concevoir et de diriger une suite d’actions. J’en trouve la preuve dans les événements d’hier et d’avant-hier, car, je dois rattacher la fugue du gorille a l’incident des Folies-Olympiques ; il voit cette jeune personne et manifeste une certaine émotion ; il s’enfuit à la suite de cette scène et on retrouve chez… — le professeur jeta d’un coup d’œil sur le journal — chez cette demoiselle Sarmange des traces de son passage. Il n’y a que la maison de santé qui me déconcerte… Eh bien ? docteur Clodomir, je pense que nous devons sans tarder aller voir le propriétaire du gorille ?

Le disciple, sortant son portefeuille, en vérifia le contenu, sans parler, puis le contempla d’un air rêveur en mordillant un de ses ongles.

— Vous pensez que ce sera cher et que notre budget ne nous permettra pas cette acquisition, hé ? fit le professeur, pareillement perplexe. Mais, peut-être, nous pourrions louer le singe ? En somme, nous ne voulons le disséquer que moralement… anatomiquement parlant, il restera intact, hé ! hé !

Le savant éclata d’un rire jovial, sans s’offusquer de ce que Silence restait de marbre.

Mais, aussitôt, il redevint grave : le microcéphale qu’il avait préposé à la garde de l’Institut ouvrait la porte de son cabinet.

(À suivre)