Page:Magog - L'homme qui devint gorille, publié dans l'Écho d'Alger du 18 nov au 27 déc 1925.djvu/165

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il ressentit une légère angoisse. Si ses prévisions étaient justes, il se trouvait aux mains de son ennemi. Celui-ci ne s’était-il point ravisé et n’avait-il pas éloigné Godolphin ? Cela encore pouvait être le résultat d’une dernière et habile machination.

Dans l’ignorance où il était des intentions réelles comme de la personnalité de son persécuteur, Roland pouvait tout craindre. À cette minute, il était à sa merci, sans autres armes que sa force de bête, terrible, sans doute, mais que rendaient illusoire les barreaux de la cage. Il le sentit davantage quand, la solitude et le silence se prolongeant, il empoigna machinalement les tiges de fer entre ses mains puissantes, tentant vainement de les ébranler.

Cette cage, ce caveau, c’était une prison ce pouvait aussi être un tombeau. Et ce dernier raffinement de barbarie n’était pas improbable, étant donnée la haine mystérieuse qui s’acharnait à la perte du malheureux.

Roland frissonna.

Mais la porte s’ouvrit, une lumière frappa en pleine face le gorille arc-bouté sur ses courtes jambes, les mains crispées sur les barreaux qu’elles s’efforçaient de tordre. Un homme parut sur le seuil, suivi de Godolphin.

— Ah ! ah ! fit-il d’une voix brève, en dirigeant sur son prisonnier le réflecteur de la lampe qu’il tenait à la main.

Son visage demeura dans l’ombre ; mais l’homme-singe sentit le feu de deux yeux noirs qui le fixaient.

Lui-même regardait, immobile, hésitant à mettre un nom sur cette face, cachée par une fausse barbe, sur ce front pâle sous les cheveux trop noirs.

Dans son autre main, l’homme tenait un révolver, dont il dirigeait le canon vers la poitrine du gorille ; derrière lui, Godolphin se tenait, pareillement armé et fort embarrassé de son personnage.

— Voici qui n’est pas rassurant, dit A.-K.