Page:Magog - L'homme qui devint gorille, publié dans l'Écho d'Alger du 18 nov au 27 déc 1925.djvu/166

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Handkerson, d’une voix coupante. L’animal s’ennuie et voudrait reprendre la clé des champs.

— La cage est solide, dit Godolphin.

— Résisterait-elle ? En tout cas, voici vos instructions : vous resterez là jusqu’à mon retour. Vous me répondrez de la bête. D’ailleurs cette porte est solide. Elle demeura fermée.

Ces derniers mots, murmurés entre les dents, s’adressaient moins à lui-même qu’au saltimbanque. Mais, ce dernier avait l’ouïe fine ; il les entendit.

— Vous allez me laisser seul là-dedans ? demanda-t-il, d’un air médiocrement enthousiasmé.

— Aujourd’hui seulement. Demain, j’aviserai ; quelques grosses chaînes scellées au mur assagiront notre pensionnaire. Bonsoir.

Il jeta encore un regard au gorille et sortit en refermant la porte sur lui.

Godolphin et l’homme-singe écoutèrent son pas s’éloigner dans l’escalier.

— Ben ! mon vieux, faut croire qu’il a la frousse, murmura le saltimbanque, quand tout bruit se fut éteint

— Ouvre, dit laconiquement Roland.

— Une veine que j’aie conservé la clé du cadenas ! chuchota Godolphin en obéissant… Mais, c’est celle de la porte qu’il faudrait, ajouta-t-il en allant examiner le panneau de fer.

L’homme-singe s’en approcha à son tour ; la porte s’encadrait exactement dans la maçonnerie, d’ailleurs assez grossièrement faite de briques liées par un mauvais mortier. Les doigts du gorille en éraflèrent les bavures qui s’effritèrent.

— J’ai un couteau, proposa Godolphin.

Moitié de la lame, moitié des doigts, l’homme-singe descella deux ou trois briques ; alors passant ses mains dans les ouvertures, il empoigna le panneau de fer et le secoua violemment. Sous l’effort, la maçonnerie se disloqua, libérant la serrure et les deux verrous ;