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min. Il se borna à assurer la tige de fer qui devait maintenir dressé le panneau de verre et, revenant sur ses pas, s’en fut ouvrir une porte, percée dans la muraille, à moitié de l’escalier, Elle donnait sur un balcon de fer, aménagé pour faciliter, en cas d’incendie, les opérations de sauvetage. Scellés au mur extérieur, des crampons métalliques descendaient vers le sol ou montaient jusqu’aux toits. Ce fut cette dernière voie que le gorille choisit, après avoir tiré la porte sur lui.

Sans paraître effrayé par le précipice d’ombre qu’il dominait, il grimpa avec agilité le long de la muraille, nullement gêné par la brassée de vêtements qu’il portait.

Une fois arrivé sur le toit, le gorille se redressa et s’orienta.

Il ne tarda pas à découvrir ce qu’il cherchait : partant des gouttières longeant les fenêtres du sixième étage, un double tuyau descendait vers le sol. Sans hésiter, se suspendant au rebord supérieur d’une des fenêtres, qui arrivait au niveau du toit, il se laissa glisser le long de la pente ardoisée ; ses pieds se posèrent sur la gouttière. Dans cette situation périlleuse — car le moindre faux mouvement devait le précipiter dans le vide — un homme fût demeuré collé au toit, suant d’angoisse. Mais le gorille avait un merveilleux sens d’équilibre et une souplesse presque miraculeuse. Insensiblement, son corps se ploya, sans que ses pieds bougeâssent ; une de ses mains empoigna le tuyau et l’encercla solidement ; puis, son autre main, passant entre son corps et le bord du toit, se fixa de même. Alors, les pieds, abandonnant l’appui de la gouttière, descendirent en raçlant la muraille et le gorille se trouva suspendu aux tuyaux, uniquement maintenu par la viguer de ses poignets. Les pieds arc-boutés pour diminuer le poids du corps, il se laissa glisser vers le sol par petites secousses, déplaçant alternativement l’une, puis l’autre main. Trois minutes après, il tou-