Page:Magog - L'homme qui devint gorille, publié dans l'Écho d'Alger du 18 nov au 27 déc 1925.djvu/85

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

chait le trottoir, ayant accompli cet invraisemblable tour de force sans qu’un muscle de sa face tressaillit.

Il était dans la rue, libre, protégé par la nuit qui faisait de lui un passant quelconque.

Il se mit à marcher droit devant lui. Après s’être débarrassé de l’apache le gorille parcourut quelques mètres, sans donner le moindre signe d’émotion. Puis il s’arrêta et fouilla ses poches. Elles contenaient un étui à cigares et un briquet qui lui servaient en scène. Il prit un cigare, l’alluma et se remit en route, en tirant de voluptueuses bouffées.

Par l’avenue de Wagram et la place de l’Étoile, il gagna l’avenue Carnot, et, s’étant assuré d’un coup d’œil qu’elle était déserte, il tourna dans la rue Anatole-de-la-Forge.

Devant l’hôtel du banquier Sarmange, il s’arrêta.

La façade, aux larges baies vitrées, pour l’instant fermées par des Persiennes de fer, ne comportait qu’une porte basse, réservée au service et donnant dans le sous-sol. La porte cochère — une grille — s’ouvrait sur un passage compris entre le corps de logis et l’immeuble voisin ; il permettait à l’auto du banquier de gagner le garage, situé au fond du jardin, et aux voitures en général, d’amener les visiteurs au bas du perron, qui protégeait une marquise courant latéralement à l’habitation. La loge du concierge se trouvait dans le sous-sol, près de la grille.

Cette disposition facilitait singulièrement l’escalade audacieuse que méditait le gorille.

D’un bond formidable, il atteignit les barreaux auxquels ses mains s’agrippèrent. Il se hissa et engagea ses pieds dans l’intervalle, des barreaux. Un nouveau bond l’amena alors sur le toit de la marquise, recouverte d’un solide treillis de fil de fer. Il se trouvait ainsi à la hauteur des fenêtres du premier étage qu’il se mit à passer en revue.

(A suivre)