Page:Magu - Poésies, 1845.djvu/12

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que notre époque vient de donner à maître Adam, le menuisier nivernais. Il s’inspirait de la Fontaine ; il avait deviné Béranger ; et sans atteindre ni l’un ni l’autre, il ne restait en arrière de personne dans la sphère de ses idées et dans la nature de son talent. Moins habile à manier la langue nouvelle que Poncy et Lapointe, brillants produits de l’école romantique, il chantait dans la vieille bonne langue française dont il a conserve le tour naïf et clair, l’heureuse concision et la grâce enjouée. L’on a reproché quelquefois avec raison à nos jeunes poëtes prolétaires de manquer de cette originalité féconde qu’on devait attendre de la race nouvellement initiée aux mystères de la poésie. On exigeait de ceux-là, à la vérité, plus que le progrès des idées ne pouvait leur inspirer encore. On voulait des miracles, un langage à la fois énergique et grandiose, des formes toutes nouvelles, un élément inconnu jusqu’ici, apporté d’emblée par eux