Page:Maindron - Dans l’Inde du Sud.djvu/63

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ner la fortune dans sa maison… « C’est comme si, Monsieur, je retrouvais mon père ! » Dans la bouche d’un Hindou, pareilles figures de rhétorique ne sont pas pour étonner. L’exagération manifeste y est prise pour réalité. Ce serait manquer à la plus élémentaire politesse que de s’abstenir de compliments ronflants.

Quand on se revoit après vingt années d’absence, il est rare que l’on ne se trouve pas un peu changé. Mais Soupou est un mondain : il ne m’a donc point parlé du passé. Lui n’a pas changé. C’est toujours le même petit homme basané, de manières affables, vêtu et coiffé de fin coton blanc. Beaucoup doivent lui envier la savante et parfaite symétrie qui préside aux plis de ses pagnes. La mousseline de son turban est soixante-dix fois repliée, au tour, au fer, pour enserrer jusqu’à mi-hauteur la carre en demi-lune qui fait le caractère de ce bonnet à l’antique. En vérité, c’est bien le Soupou des anciens jours.

Il m’a entraîné vers son hôtel dont le portique à piliers est toujours orné des mêmes gravures représentant des accidents de voyage. Jadis, avec mon défunt ami Paul Masson, ce nous était un plaisir toujours nouveau de les