Page:Mairobert - Anandria, ou Confessions de Mademoiselle Sapho, 1789.djvu/10

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ta comme la derniere des malheureuſes : elle me dit que j’étois un mauvais ſujet, qui ne ſeroit jamais propre à rien ; une dévergondée, qui déshonoreroit une famille ; une proſtituée, qu’il falloit envoyer au Couvent de la Gourdan. Ces épithetes dont je n’entendois pas le ſens, ne me parurent injurieuſes que parce qu’elles furent accompagnées de juremens, & de coups ſi violens, que je pris la réſolution de quitter la maiſon paternelle & de m’enfuir.

Mad. Gourdan avoit en effet, dans ce tems-là, une maiſon de campagne à Villiers-le-Bel, où elle venoit rarement, mais où elle envoyoit ſes filles malades, celles qu’il falloit accoucher en particulier, celles qu’elle vouloit receler ; du reſte, une maiſon propre à tous les uſages ſecrets, à toutes les opérations clandeſtines de ſon métier. Elle étoit en conſéquence écartée, iſolée, entourée de bois,