Page:Mairobert - Anandria, ou Confessions de Mademoiselle Sapho, 1789.djvu/109

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comme avec les gens du monde. A l’exception des vieillards & des libertins trop uſés, il faut infiniment plus d’art & de talent auprès des premiers qu’auprès de ceux-ci, chez qui la paſſion, ou le goût au moins, précede pour l’ordinaire la jouiſſance, la rend plus délicieuſe & en fait preſque tous les frais. Il n’en eſt pas de même d’un caffard, paillard honteux, à qui chaque perſonne du ſexe offerte ſucceſſivement à ſes regards, plaît tour-à-tour, parce qu’il n’en eſt aucune qui n’éveille ſes ſens : la circonſtance ſeule détermine ſes approches ; mais ce n’eſt qu’en couchant avec lui qu’une courtiſanne experte peut lui faire naître le deſir d’y coucher encore, ſe l’attacher & le fixer. Il faut pendant les courts momens qu’elle le poſſede, qu’elle lui enflamme l’imagination pour les longs intervalles de l’abſence,