Page:Mairobert - Anandria, ou Confessions de Mademoiselle Sapho, 1789.djvu/13

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de rien avec moi. „ Je la remerciai, l’embraſſai de tout mon cœur, & exécutai de point en point ce qu’elle m’avoit preſcrit. Elle avoit pris de ſon côté, les précautions néceſſaires à ſa ſûreté[1] : Elle avoit renvoyé ſon carroſſe à vuide : elle avoit emprunté celui d’un Prélat reſpectable, qui étoit venu dans ce lieu pour éviter le ſcandale ; elle s’étoit embarquée ſeule dedans ; elle m’avoit dépoſé au fauxbourg Saint-Laurent, dans l’apparte-

  1. Madame Gourdan étoit d’autant plus intéreſſée à ne pas donner priſe ſur elle en cette circonſtance, que les Magiſtrats avoient, peut-être pour la premiere fois, à ſon occaſion, diſtingué deux genres de maquerelles ; celles qui débauchent de jeunes perſonnes innocentes, & celles qui fourniſſent aux hommes ſeulement des filles déjà débauchées. Ses partiſans à la Tournelle vouloient que la punition d’être promenée ſur un âne, le viſage tourné du côté de la queue, ne dût être infligée qu’aux premieres ; ou plutôt que la loi ne reconnût véritablement pour maquerelles que celles-là. C’eſt par cette tournure ſubtile, que Mad. Gourdan a été ſouſtraite au châtiment.