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D’Hélene, qui jadis embraſa l’univers,
Etale en ſa faveur trente charmes divers !
Que, la couvrant trois fois, chacun par intervalle,
Et le blanc & le noir & le rouge mêlés
Offrent autant de fois aux yeux émerveillés,
D’une même couleur la nuance inégale.
Puis que neuf fois envers ce chef-d’œuvre d’amour,
La nature prodigue, avare tour à tour,
Dans l’extrême oppoſé, d’une main toujours sûre,
De ſes dimenſions lui trace la meſure.
Trois petits riens encore, elle aura dans ſes traits,
D’un enſemble divin les contraſtes parfaits.

Que ſes cheveux ſoient blonds, ſes dents comme l’ivoire ;

Que ſa peau d’un lys pur ſurpaſſe la fraîcheur :

Tel que l’œil, les ſourcils, mais de couleur plus noire.

Que ſon poil des entours releve la blancheur.
Qu’elle ait l’ongle, la joue & la levre vermeille ;
La chevelure longue & la taille, & la main ;

Ses dents, ſes pieds ſoient courts ainſi que ſon oreille ;

Elevé ſoit ſon front, étendu ſoit ſon ſein :
Que la nymphe ſur-tout, aux feſſes rebondies,
Préſente aux amateurs formes bien arrondies ;
Qu’à la chûte des reins, l’amant ſans la bleſſer,
Puiſſe de ſes deux mains fortement l’enlacer ;
Que ſa bouche mignonne & d’augure infaillible,
Annonce du plaiſir l’accès étroit, pénible ;
Que l’anus, que la vulve & le ventre aſſortis,
Soient doucement gonflés & jamais applatis.
Un petit nez plait fort ; une tête petite,