Page:Mairobert - Anandria, ou Confessions de Mademoiselle Sapho, 1789.djvu/59

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adorable, luttant avec elle d’enthouſiaſme pour la ſecte anandrine ; bravant tous les préjugés, franchiſſant dans les brûlans accès de ſa nymphomanie, ce que les indévots à notre culte appellent toutes les bienſéances, toute honnêteté publique, toute pudeur ; comme le maître des dieux, ſubiſſant même quelquefois les métamorphoſes les plus obſcures[1] pour faire des proſélytes à la déeſſe.

Celle, dont le front eſt ceint d’une double couronne de myrthes & de lauriers, eſt la Melpomene moderne, l’honneur du théâtre françois[2], qui, depuis près de trois luſtres qu’elle s’en eſt retirée, y a laiſſé un vuide non encore rempli & peut-être irrépara-

  1. On a vu quelquefois Mad. de Téchul ſe traveſtir en femme de chambre, en coëffeuſe, en cuiſiniere, pour parvenir auprès des objets de ſa paſſion.
  2. Mlle Clairon.