Page:Mairobert - Anandria, ou Confessions de Mademoiselle Sapho, 1789.djvu/64

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nage ; qui eſt bientôt ſuivi des anxiétés, des dégoûts, des incommodités d’une groſſeſſe de neuf mois ; qui ſe termine enfin par un accouchement laborieux, dont les ſouffrances ſont la meſure, & le point de comparaiſon de celles dont on ne peut calculer ou exprimer l’excès ; qui vous tient pendant ſix ſemaines en danger de mort, & quelquefois eſt ſuivi, durant toute une longue vie, de maux cruels & incurables. Cela peut-il s’appeller jouir ? Eſt-ce là un plaiſir vrai ? Au contraire, dans l’intimité de femme à femme, nuls préliminaires effrayans & pénibles, tout eſt jouiſſance : chaque jour, chaque heure, chaque minute, cet attachement ſe renouvelle ſans inconvénient : ce ſont des flots d’amour, qui ſe ſuccedent comme ceux de l’onde, ſans jamais ſe tarir ; ou, s’il faut s’arrêter dans ce délicieux exercice, parce que tout a un terme, & qu’à la fin le phyſique ceſſe