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Page:Mairobert - Anandria, ou Confessions de Mademoiselle Sapho, 1789.djvu/71

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Elle monte au grade de mere, & forme une éleve à ſon tour. Ce choix mérite beaucoup de ſoin. Eſt-il fait, a-t-elle trouvé l’objet qui lui convient, cette autre moitié d’elle-même, à laquelle elle s’unit bientôt par ſympathie, elle ne l’abandonne plus ; elle veille ſur elle avec cette jalouſie douce & inquiete, que donne ordinairement la crainte de perdre un bien unique & précieux, & qui tient plutôt de la tendreſſe maternelle, que de cette paſſion effrénée des hommes. Auſſi ce ſentiment chez une tribade, bien loin d’éloigner d’elle ſon éleve, la lui attache de plus en plus & rend leur amour imperturbable. Mais des plaiſirs ainſi continués ſont encore ſans aucun remords, & c’eſt là le comble de la félicité. Comment en aurions-nous ? Le plaiſir de la tribaderie nous eſt inſpiré par la nature : il n’offenſe point les loix ; il eſt la ſauve-garde de