Page:Mairobert - Anandria, ou Confessions de Mademoiselle Sapho, 1789.djvu/8

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ne pouvois quitter le miroir : j’étois auſſi fort propre pour mon compte, je me lavois ſouvent le viſage ; je me décraſſois les mains ; j’arrangeois mes cheveux & mon bonnet de mon mieux ; j’étois enchantée quand j’entendois dire autour de moi par quelqu’un : Elle eſt jolie, elle ſera charmante. Je paſſois la journée entiere à ſoupirer après le Dimanche, parce qu’on me donnoit ce jour-là une chemiſe blanche, un juſte[1] brun, qui me prenoit bien la taille, & faiſoit reſſortir la blancheur de ma peau ; des ſouliers neufs, une petite dentelle à mon béguin. Quand je pouvois mettre la croix d’or de maman, ſa bague, ſes boucles d’argent, j’étois comblée. Du reſte, oiſiveté complette ; la promenade, la courſe, la danſe. J’étois parvenue ainſi à ma quinzième année ; j’étois grand’fille, &

  1. Terme de village en France, qui reviens à celui de caſaquin.