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liv. ier.
AGRICULTURE : FAÇONS GÉNÉRALES À DONNER AU SOL.

que pas le sol et qu’il ne détruit que fort imparfaitement les plantes adventices, est assez rapide, et produit sur de petites étendues de défriches ou de jachères un bon effet.

Fig. 167

La pioche ovale, fig. 163, et la variété,fig. 164, sont communément utilisées sur les bords de la Meuse pour les terres faciles. — Dans les localités caillouteuses, on leur préfère la pioche à marteau, fig. 165, ou à pic, fig. 166. Aux environs de Paris on se sert du hoyau,fig. 167. Les labours à la houe sont en usage dans presque toute l’Europe. À l’avantage de retourner la terre comme les suivans, ils joignent celui d’une exécution rapide ; mais, d’un autre côté, ils sont peu profonds et néanmoins très-fatigans ; car, pour employer ces sortes d’outils, dont le manche forme avec le fer un angle excessivement aigu, l’ouvrier est obligé de se courber en deux, soit qu’après avoir soulevé la terre presque entre ses jambes il la rejette derrière lui, soit que, marchant au contraire en arrière, il la rejette sur le côté pour en combler la jauge précédemment ouverte. Les houes, selon la nature du terrain dans lequel on les emploie, sont tantôt pleines, tantôt à dents ou à pointes. — Les unes conviennent aux labours des sols meubles, dépourvus de pierres et dépouillés de racines ; les autres pénètrent plus facilement dans les terres rocailleuses, graveleuses ou liées par des racines traçantes. — Nous avons réuni sur les figures suivantes quelques-unes des espèces les plus usitées : fig. 168, houe ordinaire

Fig. 168

du nord de la France ; — fig. 169, houe de Bretagne ; — fig. 170, houe d’Amérique, dont la courbure du manche permet à l’ouvrier de travailler sans se courber beaucoup ; — fig. 171, houe essade du midi ; — fig. 172, houe plate de Château-Thierry ; — fig. 173, houe triangulaire ; — fig. 174, houe du département de l’Hérault ; — fig. 175, houe à oreilles des Pyrénées-Orientales ; — fig. 176, houe ronde de Brest ; — fig. 177, houe escaoussadou du midi ; — fig. 178, houe des vignes du département des Bouches-du-Rhône ; — fig. 179, autre houe destinée au même usage — fig. 180, houe fourchue des environs de Paris ; — fig. 181, houe bident à manche courbe de la Sarthe ; — fig. 182, houe à longues dents de Maine-et-Loire ; — fig. 183, houe bi-triangulaire de la Crau ; — fig. 184, houe trident de plusieurs parties du centre de la France. La fourche a deux ou à trois dents (voyez fig. 161, page 162) convient aux labours des terres compactes et humides, qui s’attachent aux fers des outils ou qui sont remplies de racines. Dans ce dernier cas surtout, en facilitant l’extraction de ces dernières, elles sont d’un usage fort avantageux. Quant aux labours à la bêche, malheureusement dans les sols même qui se prêtent le mieux à leur emploi, à côté des avantages incontestables qu’ils présentent, ils ont par compensation l’inconvénient de donner des résultats si lents, qu’on ne peut en faire usage hors des jardins que dans les contrées très-populeuses et cultivées avec un soin particulier. C’est ainsi que dans quelques parties du nord on laboure les champs à la bêche tous les six ou huit ans. — A Paris on nomme labour à un fer de bêche celui qui pénètre de 9 po. à un pi. (0m 244 à 0m 325), et à un demi-fer de bêche, celui qui ne retourne le sol qu’à la profondeur de 4 à 6 po.(0m 108 à Om 162). — Ce dernier est parfois préférable pour ne pas porter les engrais au-delà de la portée des plantes à courtes racines.