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chap. 6e.
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DES CHARRUES.

il ne fait qu’un avec la gorge qui le prolonge et l’unit à l’age, comme dans la fig. 202 ;

Fig. 202

tantôt il est fixé à cette dernière pièce par un plateau (fig. 203) ou par deux étançons ou montans (fig. 204).

Fig. 203, 204.

Dans tous les cas, la résistance occasionée par la cohésion de la terre se faisant particulièrement sentir à la face inférieure et latérale du sep, il faut avoir soin de lui donner un poli aussi complet que possible ; de le travailler en bois dur, tel que le hêtre, le chêne, etc. ; de le garnir de bandes de fer en dessous, ou même de le construire en entier en fer forgé ou en fonte nerveuse.

M. Mathieu de Dombasle, pour remédier au seul inconvénient reconnu aux charrues à bâtis en fonte, la prompte usure du talon des seps dans les sols sablonneux, fait construire des seps dont le talon, formant une pièce détachée, peut se démonter à volonté et se fixer avec des boulons à vis.

Il est évident que plus un sep est long et large, plus le frottement est considérable, mais aussi plus le mouvement de la charrue est régulier et son maniement facile, en raison de la multiplicité des points d’appui. Lorsque la semelle est neuve, elle est ordinairement un peu concave ; en s’usant, elle devient de plus en plus convexe, à mesure que les angles s’usent, et alors elle tient moins bien la raie. Cependant une forme analogue se retrouve dans quelques araires du Midi, et notamment dans celle de Montpellier.

Afin de diminuer encore plus le frottement sans nuire à la régularité de la marche des charrues, on a exécuté en Angleterre, et on est dans l’usage, en certains cantons de ce pays industrieux, d’utiliser exclusivement des seps dont le talon est porté sur deux roues (fig. 205 ),

Fig. 205

ou dont toute la partie qui se prolonge postérieurement au-delà du soc est évidée de manière à recevoir une seule roue (fig. 206) f

Fig. 173

ixée dans une mortaise, au moyen d’un axe qui traverse le sep dans son épaisseur. Il est de fait que le mouvement progressif de rotation des roulettes, ou de la roulette dont il vient d’être parlé, sans diminuer en rien la régularité du labour, rend la traction plus facile, puisque le sep n’éprouve plus de frottement continu que sur un bien moins grand nombre de points. Cependant cette amélioration ne s’est point encore fait jour dans nos campagnes ; nous faisons des vœux pour qu’elle y soit tentée.

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§ iv. — Le versoir.

Ce n’était point assez de détacher la bande de terre du fond du sillon ; pour atteindre toutes les conditions d’un bon labour, il fallait encore la soulever, la déplacer et la retourner de côté dans la raie précédemment ouverte. Telle est la destination du versoir.

Les versoirs affectent deux formes principales qui se modifient, on peut dire à l’infini, dans leurs proportions et leurs détails. — Ils sont planes (fig. 207) ou diversement contournés (fig. 208 ).

Fig. 208, 207.

Planes. Ils sont ordinairement faits d’une planche plus ou moins large, plus ou moins mince, clouée ou accrochée au côté droit du sep près du soc, et tenue à distance de ce même sep, à sa partie postérieure, par un ou deux bras. Dans cette position, ils repoussent la bande de terre, et la retournent même tant bien que mal, lorsqu’elle offre une certaine consistance, et qu’ils ont une longueur et une obliquité convenables. Mais, dans la plupart des circonstances, ils donnent des résultats fort imparfaits, et, par surcroît d’inconvéniens, le poids et le frottement de la terre, dont ils ne sont débarrassés que lorsqu’elle a dépassé leur extrémité, augmente considérablement la résistance au tirage.

Naguère, les versoirs de la plupart de nos charrues avaient cette forme vicieuse. Beau coup l’ont même conservée ; néanmoins, depuis un certain nombre d’années, les versoirs contournés se sont multipliés en France d’une manière remarquable. Tous les cultivateurs qui connaissent le prix et les conditions d’un bon labour les ont adoptés pour toutes charrues autres que la charrue à tourne-oreille. Encore verrons-nous qu’on a cherché, sans changer la direction si commode du travail de cette dernière, à la remplacer par des charrues à versoir fixe qui pussent rejeter alternativement la bande à droite et à gauche.