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chap. 7e.
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DES ENSEMENCEMENS ET PLANTATIONS.


de son pays. Le rouleau suédois, dont on peut voir un modèle au Conservatoire, est armé de liteaux de fer qui sont fixés parallèlement entre eux et à l’axe du cylindre, de manière à pouvoir être déplacés et changés au besoin avec une grande facilité. Le châssis est surmonté d’un siège propre à recevoir le conducteur. — Cette machine excellente, considérée sous le seul point de vue des résultats qu’on peut en obtenir, est malheureusement trop chère pour se répandre dans la pratique ; elle vaudrait environ 400 fr.

Enfin, M. de Dombasle a aussi inventé un rouleau dit squelette (fig. 286), d’un prix bien moins élevé, quoique d’une grande puissance ; celui-là coûte 160 fr. et pèse 250 kilog. Il est entièrement en fonte, sauf le châssis en bois sur lequel sont fixés les coussinets de l’arbre du rouleau ; — la limonière est fixée sur le châssis au moyen de boulons ; — l’arbre sur lequel sont assemblés les disques composant les rouleaux est en fer ; parmi ces disques les uns sont en fonte et terminés à leur circonférence en forme de coin, et les autres plus petits servent à consolider l’assemblage et à maintenir les premiers à une distance convenable ; des boulons, traversant le rouleau dans toute sa longueur, servent encore à consolider le tout.

Fig. 286

CHAPITRE VII. — des ensemencemens et plantations.

Section ire. — Des ensemencemens.

Le succès des récoltes dépend beaucoup sans doute de la préparation que l’on a donnée au terrain, mais l’homme qui a bien labouré n’a encore accompli que la première partie de sa tâche. L’agriculture est une œuvre de patience ; si la constance, l’activité et la vigilance ne sont pas les compagnes habituelles de celui qui cultive le sol, il lui faudra, pour réussir, un concours de circonstances que le hasard amène rarement. C’est surtout relativement à la semaine que ce que je viens de dire trouve son application. C’est devant cette opération que viennent souvent échouer l’ignorance et l’impéritie ; c’est ici, ou jamais, que l’homme observateur montre sa supériorité sur celui devant lequel ont passées inaperçues les leçons de l’expérience. — Les connaissances qu’exige cette opération peuvent se résumer au choix des semences, époque et profondeur, procédés de sémination, moyens employés pour recouvrir la semence.

Art. ier. — Choix des semences.

Celui qui procéderait sans règle et sans méthode au choix de sa semence débuterait par une faute. Ce n’est pas à l’époque de la semaille que l’on doit chercher à se procurer celles dont on a besoin, c’est à l’époque même de la récolte précédente, parce que c’est alors qu’on peut déterminer quelles sont les variétés les plus productives, les plus rustiques, les plus appropriées à la nature du sol. Ecartez la semence provenant d’un individu chétif, rabougri, elle donnerait naissance à des plantes faibles et débiles. Pour les céréales surtout, gardez-vous d’employer les grains produits par une récolte roulée, venue sur un terrain ombragé ou dans un sol fumé avec excès. Arrêtez-vous à une pièce dont tous les épis soient parfaitement développés, où les herbes parasites soient rares : laissez ce grain arriver à une complète maturité, et vous serez certain qu’après l’avoir serré et battu séparément, vous aurez une semence nette, propre, bien disposée à produire des plantes vigoureuses. Pour battre le grain destiné à la reproduction, on se sert du procédé qu’on nomme chaubage et qu’on trouvera décrit à l’article Battage.

Dans la petite culture et dans les pays où l’on connaît le prix d’une semence bien conditionnée, on se contente de faire couper par des enfans les plus beaux épis dans les plus belles pièces ; on est assuré par ce moyen d’avoir un grain de premier choix : cependant, lorsqu’on opère sur une grande échelle, ce procédé est long et trop dispendieux. Celui que j’ai proposé suffit dans la majorité des circonstances.

A la question que je viens d’examiner se rattache subsidiairement celle du changement de semence. Les avantages et les inconvéniens d’un renouvellement périodique ont été soutenus par des hommes de talent ; la solution du problème s’est fait long-temps attendre ; mais on a fini par comprendre qu’il est impossible de le résoudre d’une manière absolue. Les diverses variétés de plantes que nous cultivons peuvent-elles dégénérer ? La différence dans le climat, le changement de culture, un sol d’une composition différente peuvent-ils avoir sur les produits une influence assez puissante pour leur faire perdre quelques-unes de leurs propriétés ? On ne peut en douter, si l’on examine ce qui se passe dans une foule de localités sur un grand nombre de plantes cultivées.

Dans les campagnes on attribue à un changement de sol ou de climature ce qui est le résultat du mélange de la poussière fécondante, mélange qui s’opère quelquefois à des distances assez grandes. On cultive dans les environs de Grenoble un blé barbu très-estimé par l’abondance de ses produits. Ce froment n’a pas tardé à perdre sa physionomie dans une autre contrée, parce qu’il avait été semé à côté d’un blé barbu ordinaire. Sous ce rapport il ne peut être douteux qu’un renouvellement de semence ne soit utile dans

agriculture
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