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liv. 1er 
AGRICULTURE : ANIMAUX NUISIBLES.

rarement elle se sert de ses ailes, mais elle court très-vite et fuit l’éclat du jour, dans des fentes et des trous, ce qui empêche qu’on ne détruise ce malfaisant orthoptère.

Les Termites sont des névroptères plus particuliers aux climats chauds, également ennemis du jour comme tous les voleurs. Ainsi le Termès lucifuge (fig. 756 et 757) qui représente la larve, Termes lucifugum), malheureusement multiplié dans les chantiers de Rochefort, y a déjà causé les plus grands dommages parmi les magasins de la marine.

Les Termites, appelés aussi fourmis blanches, ont plusieurs rapports avec les fourmis, et vivent en sociétés composées de trois ou quatre sortes d’individus à l’état de larve, de nymphe et d’insecte parfait ; également laborieux, voraces, et d’autant plus dévastateurs qu’ils sont omnivores, ils se creusent des routes souterraines dans les objets qu’ils rongent. Le Termès atroce, le mordant, le belliqueux, le destructeur ou le fatal, le pou de bois, le voyageur, sont autant d’espèces ravageuses ; celui à cou jaune (Termes flavicollis) attaque, en Provence, les olives.

Parmi les Lépidotères, nous avons signalé déjà ceux qui ravagent le blé dans les greniers ; mais la farine nourrit spécialement une espèce de larve de Tinéide (Phalœna, L. ; Aglossa farinalis, Latr.), Phalène de la farine (fig. 758), ainsi désignée parce que l’insecte parfait n’a point de trompe, et ne mange plus en ce dernier état, tandis qu’il est fort vorace et gras à l’état de ver. Parmi les Coléoptères à longs becs, plusieurs Rynchènes et autres Curculionides se multiplient dans les fécules, comme le Curculio palmarum qui vit de sagou. Divers Mélasomes nocturnes, outre les Blaps déjà signalés, viennent saccager les substances alimentaires ; tels sont les Pimélies, les Erodies, les Nyctélies, tous privés d’ailes. Il faut y joindre des Opatrum, les Tenebrio culinaris et cadaverinus de Fabr., Ténébrion de la farine ou des trogossites (fig. 759). D’autres fourragent dans les meilleurs champignons comestibles, comme les Boletophagus taxicornes.

Rongeurs des substances animales.— Le nombre de ceux-ci est considérable. Parmi les Coléoptères les plus destructeurs, il faut placer en première ligne les Dermestes laniarius, lardarius, trifasciatus, etc., le Dermeste du lard (fig. 760) ; la Vrillette{Anobium pertinax), qui, étant touchée, contrefait la morte et se laisserait plutôt brûler que de se remuer ; les Ptinus, les Bruchus déjà signalés ; la Necrobia violacea et les Nitidules (Nitidule biponctuée) (fig. 761), qui détruisent les chairs salées non moins que les charognes. On ne peut passer sous silence aussi le grand rongeur des pelleteries, Dermestes pellio, les Staphylins, les Silpha et Nécrophores que toute chair attire d’abord.

La famille des Teignes est surtout la plus coupable de ces goûts carnivores, à l’état de larves. Telles sont surtout les Botys, qui pénètrent dans les matières les plus grasses, et l’Aglossa pinguinalis (Aglosse de la graisse) (fig. 762), rongeant les cuirs ou peaux à l’état frais. On ne peut pas garantir les tapis et autres tissus en laine ou en poils, contre les ravages perpétuels des Tineatapezana, sarcitella, pellionella, flavifrontella, etc. (Noctuelle trapézine(fig. 763), et de tous ces vers rongeurs qui se pratiquent des fourreaux de leurs excrémens, avec une si redoutable industrie.

On sait aussi combien plusieurs Diptères, en été, hâtent la corruption et le dégât des viandes, par leurs œufs bientôt transformés en vers ou larves des Mouches créophiles. Ainsi les Musca vomitoria, grosse espèce bleue ; la Musca carnaria, dite vivipare, car ses œufs éclosent immédiatement ; la Musca cæsar, si commune sur les charognes ; la Musca putris, qui recherche les corps pourris, les ulcères (la piophyla de Fallen), les Mouches du vieux fromage (Muscacasei), méritent d’être remarquées. Elles prouvent, par les œufs déposés dans ces matières animales, que les vers ne s’y engendrent point spontanément, comme le suppose le vulgaire. Leurs larves semblent avoir la propriété de hâter encore la putréfaction des matières qu’elles dévorent. On peut ajouter à ces espèces les Scatophaga (Musca stercoraria, L.) et les vers des latrines ou autres lieux analogues, des Eristhalis tenax (vers à queue de rat) dont la vie est si dure, E. sepulchralis, cryptarum, etc.

Joignons à ces espèces celle qui contribue à faire aigrir le vin ou la bière et le cidre, la Musca cellaria (Notophila de Fallen) ; elle dépose ses œufs dans les vaisseaux à vin des caves et celliers ; on en accuse également l’Ips cellerier (fig. 766). Enfin, les Acarus (Mite domestique (fig. 767 grossie à la loupe), se développent par myriades sans nombre dans les vieux fromages, les viandes sèches ou fumées, comme sur toutes les matières animales en putréfaction ; la nature faisant ainsi servir les débris de la mort à la multiplication de la vie.