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chap. 19e.
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DES INSECTES NUISIBLES EN AGRICULTURE.

La plupart des prétendus vers qui se trouvent dans les fruits pulpeux, les cerises, les framboises et fraises, viennent de teignes ; cependant il en est aussi beaucoup qui sont dus à des œufs de mouches des genres Carpomyza, Tephritis (Fabr. et Latr) et Ortalis de Fallen. Ainsi, à l’Ile-de-France, presque tous les jeunes citrons sont percés par la larve du Tephritis citri ; nos bigarreaux contiennent fréquemment celle de l’Ortalis (Musca) cerasi ; les noyaux, les pépins des autres fruits, dès leur naissance, renferment des œufs déposés par ces genres de diptères encore peu étudiés dans leurs espèces. Les mouches à ailes vibrantes, qui planent sur les fleurs, appartiennent à cette famille.

Les fruits oléagineux, noix, noisettes, au contraire, voient leur coque percée par des Curculio nueum (Charançon des noisettes) (fig. 747) ou des Attelabus (Attelabe du coudrier, fig. 748) ; il n’est pas jusqu’à des Acarus ou Mite qui ne s’y recèlent. D’ailleurs, chacun connaît assez les insultes des Guêpes, des Fourmis, des Bourdons, contre les fruits les plus sucrés, et les piqûres de quelques Cynips sur les figues ; des Diplolèpes élevant des galles sur plusieurs rosacées Diplolépe de la galle (fig. 749), et celles de diverses Punaises, Tingis pyri, etc., qui en sucent les sucs en même temps qu’elles y répandent leurs odeurs fétides ou dégoûtantes.

Les Mouches à scie (Tenthredo) sans attaquer les fruits eux-mêmes, sont fort nuisibles à beaucoup d’arbustes, notamment aux rosiers, en perçant, rongeant, trouant, à l’aide de leur instrument dentelé, les jeunes tiges et les feuilles de plusieurs arbres de la même classe, les pruniers, les poiriers, etc. Ainsi ces hyménoptères ont des larves à pieds nombreux, simulant des chenilles, qui dévorent le feuillage de nos arbres à pépins et a noyaux, et qui s’opposent aussi à la multiplication de leurs fruits.

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§ iv. — Insectes pernicieux aux prairies.

La grande calamité pour celles-ci vient de la famille des Sauterelles et Criquets. Personne n’ignore les déplorables déprédations du passage des Sauterelles (Grillus migratorius, Gr. apricatorius, Gr. linolea et autres espèces), qui, après avoir tout ravagé, finissent par se dévorer elles-mêmes. On a vu des milliards de ces insectes entassés par les vents sur certaines contrées, à tel point qu’on les ramassait par boisseaux et dans de grands sacs. Les Grillus campestris et notre Grillon domestique, faisant entendre son cri nocturne près des foyers, dans les chaumières, viennent fureter dans nos provisions ; tous ces insectes rongent les herbes, comme les autres Criquets (Acridium), et les Tuxates (Grillus acrida), notamment le T. à grand nez (fig. 750), les grandes Sauterelle, Locusta viridissima des campagnes, la Sauterelle grise (fig. 751).

C’est encore à l’état de chenilles que les Phalœna calamitosa, la Noctua graminis, les Tinéides du genre des Crambus, désolent surtout les meilleurs pâturages et se multiplient au milieu des foins. Ces insectes sont en même temps dégoûtans pour les bestiaux, qui ne peuvent pas s’empêcher d’en avaler. Plusieurs de ces petits papillons qui en naissent, et qui, d’ailleurs, sont fort jolis, ont été décrits et figures par Hubner, par Germar, etc. Il faut y ajouter aussi d’autres Alucites que celle du froment, ou des Adela, des Æcophora, dont le nombre et les espèces font même le désespoir des plus habiles entomologistes.

Les Cicadaires ou Cigales et Ranâtres, le Cercope écumeux (Cicada spumaria, Cercopis sanguinolente (fig. 752), si remarquables au printemps dans les prairies, par l’écume qu’elles y déposent, épuisent de sève ou font faner plusieurs glumacées dans leur fructification naissante. Tous ces épis blanchissans et stériles de seigle et d’autres céréales ont été atteints, soit par la Phalœna cecalina, soit par les Cicadaires, tandis que les larves des Tipules travaillent dans les racines, que des Tanypus, autres tipulaires culiciformes se creusent des demeures dans des galles, que diverses mouches déjà notées, en traitant des céréales, n’épargnent pas les autres graminées. Il faut citer encore le Sepsis cynipsea, espèce de mouche attaquant les fleurons des syngenèses, etc., et diverses Cétoines rongeuses, comme la C. dorée (fig. 751), et la C. à deux cornes (fig. 754).

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§ v. — Insectes attaquant les provisions animales et végétales, ou comestibles.

1° Les substances végétales.— Deux fléaux en ce genre nous ont été communiqués avec les substances commerciales des deux mondes ; ce sont les Blattes et les Termites. La Blatta orientalis et la B. americana, L. ou Kakerlack, Blatte américaine (fig. 757), est commune aussi dans les régions septentrionales. On ne peut conserver aucun genre de comestible qu’elle ne dégrade et n’infecte ; elle butine de nuit dans les habitations, ronge particulièrement les farines, le pain dans les boulangeries, les moulins, les cuisines, etc. ; de plus, elle répand une odeur détestable ;