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Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, I.djvu/577

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chap. 19e.
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DES INSECTES NUISIBLES EN AGRICULTURE.

G. cereana (Galerie de la cire (fig. 777) ronge et dissout dans son estomac la cire par une action singulière ; il en est de même de la G. alvearia qui attaque jusqu’au couvain et à l’espérance de nouveaux essaims. Le Philante apivore (fig. 778) tue les abeilles sur les fleurs.

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§ vii. — Des insectes et crustacés attaquant les poissons.

Il ne reste plus à dénoncer que les races aquatiques les plus nuisibles dans les viviers et autres lieux où l’on multiplie le poisson. Les ennemis redoutables du jeune alvin ou fretin avec lequel on peuple les étangs, sont : les écrevisses, Astacus fluviatilis ; leurs dures et tranchantes mâchoires ou mandibules déchirent facilement ces petits poissons encore si tendres. Il y a, de plus, d’autres crustacés, tels que les Pœcilopodes, qui s’attachent sur de plus grands poissons ; ainsi l’Argule foliace se fixe sur de grosses truites et des carpes ; il parvient même à les tuer. Les Caliges (Monoculus piscinus), quoique petits, attaquent, comme le précédent, même les brochets et les perches, et leur nuisent beaucoup. On peut ajouter que d’autres Monoculus, des Cypris et diverses espèces parasites pénètrent dans les branchies des poissons, les tourmentent et contribuent, par la destruction de ces organes respiratoires, à faire périr les meilleurs poissons.

Nous terminerons cette revue générale en signalant ce petit crustacé décrit par M. Leach (Encyclop. Edinburgh ; tom. vii, p. 433) comme très-dangereux, parce qu’il perce avec une promptitude prodigieuse, quoiqu’à peine long de deux lignes, les bois dans la mer, et que ni les digues les plus épaisses, ni les navires les mieux calfatés n’ont été jusqu’à présent à l’abri de ses petites dents destructives. C’est la Limnoria terebrans.

Ce n’est pas tout, sans doute ; mais ce tableau doit suffire pour montrer combien la classe entière des insectes abonde en races nuisibles à toutes les branches de l’économie rurale et domestique.

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Partie ii. — Description des espèces les plus nuisibles et des moyens qu’on peut opposer à leurs ravages

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§ 1er. — De la Calandre du blé, ou charançon.

On distingue ce coléoptère en ce qu’il a, comme les autres charançons, un bec alongé, des tarses à quatre articles, des antennes coudées, insérées à la base du bec, formées de huit articles dont le dernier prend la forme de massue. Les élytres sont durs, l’abdomen finit en pointe, les pieds sont terminés par des crochets avec lesquels l’insecte se cramponne fortement.

C’est de tous le plus redoutable par ses ravages dans notre principale nourriture, le froment, car il se multiplie parfois en si grande abondance dans les masses de blé des greniers, qu’il ronge tout et ne laisse exactement que le son ou l’enveloppe du grain. Chaque larve, en effet, toujours isolée en chaque grain, s’y loge et grossit à mesure qu’elle en dévore toute la farine ; alors elle prend la forme de nymphe pour devenir insecte parfait.

La calandre à l’état de larve se présente comme un ver mou, alongé, très-blanc ; son corps a neuf anneaux saillans, arrondis ; sa longueur ne dépasse guère une ligne ; sa tête écailleuse, jaune et arrondie, est armée de mâchoires rongeantes. La nymphe qui lui succède est également blanche, mais transparente, et l’on distingue déjà sous son enveloppe la trompe, les antennes et les membres de l’animal. En cet état, il ne mange pas. Après huit à dix jours de cette somnolence immobile, l’insecte rompt la coque dans laquelle il se tenait emmailloté, soulève une calotte du grain, et la Calandre paraît au jour.

Sous cette forme dernière, le Charançon du blé cherche à s’accoupler, puis la femelle pond bientôt ses œufs et les dépose sur les tas de froment ; mais il paraît qu’alors l’insecte est moins destructeur qu’à l’état de larve.

La chaleur atmosphérique hâte beaucoup les développemens et les dégâts des calandres, tandis que pendant un froid vif elles s’engourdissent et restent incapables de nuire. Dès le mois d’avril, sous nos climats tempérés, les calandres pondent et se propagent jusqu’à la mi-septembre ; mais sous les climats chauds, elles s’accouplent même plutôt et plus tard encore. On les trouve accouplées si longuement, et avec tant de ténacité, qu’on peut les balayer et les transporter en cet état sans qu’elles se séparent. Les reproductions des calandres ont lieu plusieurs fois dans l’année (quoique chaque individu meure après sa génération) ; il s’écoule de 40 à 45 jours entre l’accouplement ou le dépôt d’un œuf et sa transformation en insecte parfait. D’après une table formée par la multiplication des calandres, une seule paire de ces insectes, pondant à la fin d’avril des œufs dont les individus se multiplieront jusqu’au milieu de septembre, ou pendant cinq mois, par une température moyenne de 15°, il doit en naître six mille quarante-cinq calandres. Qu’on juge de l’immensité de ces insectes, sous des températures plus chaudes, et combien de monceaux énormes de blé disparaissent sous les mâchoires de ces armées de rongeurs !

La calandre femelle ne dépose qu’un œuf sur chaque grain de blé, entre la pellicule et la farine ; la larve qui en naît reste parfaitement à l’abri ; ses excrémens servent à boucher le trou par lequel l’œuf a été introduit. Les monceaux de blés attaqués ne le sont pas à la superficie, mais bien à quelques pouces de profondeur, afin que l’insecte soit plus à l’abri ; on n’aperçoit rien qui le décèle extérieurement ; le grain paraît entier : seulement son poids est moindre, et il surnage l’eau, parce qu’il a été vidé par l’insecte.

La calandre n’aime pas à être remuée par le crible ou la pelle ; alors elle déloge et quitte le grain. Elle le quitte aussi dans les temps froids, pour chercher un abri plus chaud dans les fentes du plancher ou des murs des greniers. Ce ne sont guère que les œufs, ou les larves qui restent engourdie, qui passent l’hiver.