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chap. 2e.
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ANALYSE CHIMIQUE DES SOLS.


commencer à s’y établir (car, tant que l’argile, la silice et le calcaire restent purs, il n’y a guère de végétation possible), et les deux ou trois dernières indiquent que la terre se trouve déjà assez mélangée pour que la plupart des cultures puissent y prospérer. Ainsi le Tussilage est donné comme exemple de la plante qui se montre la première dans l’argile encore presque pure, et la Chicorée sauvage comme exemple de celles qui ne s’y rencontrent que lorsque l’argile est assez mélangée de silice, de calcaire, ou enfin de terreau, pour que beaucoup d’autres plantes puissent y croître également.

i. Terrains argileux.
Tussilage pas-d’âne.
Laitue vireuse.
Sureau yeble.
Lotier corniculé.
Orobe tubéreux.
Agrostis traçante.
Chicorée sauvage.

ii. Terrains argilo-calcaires.
Anthyllide vulnéraire.
Potentille anserine.
— rampante.
Mélique bleue.
Laitue vivace.
Sainfoin cultivé.
Chondrille joncée.
Frêne commun.

iii. Terrains calcaires.
Brunelle à grandes fleurs.
Boucage saxifrage.
Germandrée petit chêne.
Potentille printanière.
Seslerie bleuâtre.
Globulaire commune.
Noisetier commun.

iv. Terrains sablonneux.
Jasione des montagnes.
Elyme des sables.
Statice des sables.
Laiche des sables.
Roseau des sables.
Fléole des sables.
Saule des sables.
Sabline pourpre.
— à feuilles menues.
Canche naine.
— blanchâtre.
Fétuque rouge.
Drave printanière.
Orpin âcre.
— blanc.
Ciste helianthème.
— moucheté.
Anémone pulsatille.
Oseille petite.
Agrostide des vents.
Véronique en épi.
Saxifrage tridactyle.
Filago des champs.
Œillet armerie.
— des chartreux.
Spergule des champs.
Alysse calicinale.
Carline vulgaire.
Réséda jaune.
Plantain corne-de-cerf.
Géranion sanguin.
Genêt d’Angleterre.
Genêt sagitté.
Bouleau commun.
Châtaignier commun.

v. Terrains ombragés[1].
Lauréole commune.
Cornouiller sanguin.
Paturin des bois.
Brome géant.
Stellaire des bois.
Mélique uniflore.
Pervenche grande.
Viorne mancienne.
Géranion robertin.
Mélampyre des bois.
Euphorbe des bois.
Jacinthe des bois.
Pédiculaire des bois.
Anémone sylvie.
Lierre de Bacchus.
Lierre terrestre.
Moschatcline commune.
Muguet des bois.
Mélite à feuilles de Mélisse.
Pulmonaire officinale.
Sanicle d’Europe.
Mercuriale vivace.
Circée parisienne.
Benoite commune.
Aspérule odorante.
Balsamine des bois.
Laiche (plusieurs espèces).
Verge d’or des bois.
Chèvrefeuille des bois.
Luzule printanière.
Froment des bois.

vi. Plantes plus ou moins aquatiques.
A Dans l’eau toute l’année.
Macre.
Fétuque flottante.
Laiche (plusieurs espèces).
Scirpe (plusieurs espèces).
Souchet (deux espèces).
Nénuphar (deux espèces).
Renoncule (deux espèces).
Roseau à balais.
Massette (deux espèces).
Ményanthe à trois feuilles.
Gratiole officinale.
Butome à ombelle.
Fléchière.
Plantain d’eau.
Véronique (trois espèces).
Menthe poivrée.
Epilobe (deux espèces).
Lythre salicaire.
Et beaucoup d’autres.

B Dans l’eau une partie de l’année seulement.
Saule (beaucoup d’espèces).
Peuplier (plusieurs espèces).
Eupatoire d’Avicenne.
Obier.
Scrophulaire aquatique.
Spirée ulmaire.
Menthe aquatique.
Jonc (plusieurs espèces).
Linaigrette (deux espèces).
Laiche (plusieurs espèces).
Et beaucoup d’autres.

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§ iii. — De l’analyse chimique des sols.

Les sols ou terres dans lesquels les végétaux se développent et croissent varient considérablement dans leur composition ou dans les proportions des différentes substances qui les constituent. Ces substances sont de certains mélanges ou combinaisons de quelques-unes des terres primitives, de matières animales ou végétales en état de décomposition, et de certains composés salins. Parmi les premières l’on trouve la silice, l’alumine, la magnésie, la chaux, le peroxide de fer et quelquefois le peroxide de manganèse, et au nombre des derniers l’on compte le carbonate de chaux (craie), le sulfate de chaux (gypse), le phosphate de chaux, quelquefois le sulfate de potasse et le nitrate de la même base.

Les substances que nous venons de signaler comme se rencontrant le plus ordinairement dans la composition des terres propres à la culture des végétaux, retiennent l’eau avec plus ou moins de force ; elles existent en proportions très-diverses dans les différens terroirs, à l’état de sable siliceux, d’argile et de terre calcaire ; et c’est pour en déterminer les quantités et découvrir leur mode d’union, qu’on soumet ces terres aux expériences de l’analyse.

En général, lorsqu’on examine un sol stérile dans la vue de l’améliorer, il faut, si cela est possible, le comparer avec un sol extrêmement fertile, voisin du sien, et dans une situation semblable ; la différence que présentera l’analyse de ces sols indiquera les procédés d’amélioration à apporter. En effet, si le sol fertile contenait une grande quantité de sable ou de silice, en proportion de ce qui existe dans le sol stérile, le procédé consisterait simplement à en fournir à ce dernier une certaine quantité, ou bien à ajouter de l’argile ou de la terre calcaire si ces deux dernières terres étaient en quantité insuffisante.

Il importe de prendre des échantillons de la terre du champ qu’on veut examiner, en différens endroits, à 6 ou 7 pouces de profondeur, et de les bien mêler ensemble ; car il arrive quelquefois que dans les plaines tout le sol supérieur est de la même espèce mais dans les vallées et le voisinage des rivières il y a de grandes différences.

Les bornes dans lesquelles nous devons renfermer cet article, et le but pratique de cet ouvrage, nous forcent de décrire d’une manière très-succincte les procédés les plus exacts en même temps que les plus simples.

  1. Quoique ce soit plus en vertu de l’ombre qu’en vertu du terrain que plusieurs plantes croissent sous bois plutôt que dans les plaines découvertes, j’en citerai cependant ici quelques-unes ; je relaterai même dans une section à part plusieurs plantes plus ou moins aquatiques, plutôt pour ne pas rétrécir le cadre tracé par mes prédécesseurs, que par conviction d’utilité dans un ouvrage de la nature de celui-ci.