Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, II.djvu/346

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
332
liv. iii.
ANIMAUX DOMESTIQUES : PATHOLOGIE.


tions souvent renouvelées de l’appareil de la respiration, toutes les causes susceptibles d’affaiblir l’économie et d’appauvrir le sang, telles que les mauvais fourrages, les fatigues excessives, le mauvais régime longtemps continué, l’influence d’un air vicié, des écuries malsaine est humides, des travaux saccadés, etc, peuvent occasionner cette maladie.

La morve est-elle contagieuse ? Voilà une question qui a été bien débattue, et qui est encore indécise. Autrefois tout le monde était convaincu de la contagion de la morve, et les règlemens de police prescrivaient à l’égard des chevaux morveux des précautions d’hygiène publique, qui, aujourd’hui, paraîtraient ridicules et vexatoires. Dans ces derniers temps même (mars 1837), un médecin très-distingué, M. Rayer, dans un mémoire lu à l’Académie de Médecine, a soutenu que la morve aiguë pouvait se transmettre d’un animal à l’homme et réciproquement. Il a cité, à l’appui de cette opinion, l’observation d’un palefrenier mort à l’hôpital de la Charité, d’une maladie qui avait tous les caractères de la morve, et d’un cheval chez qui cette maladie s’était développée à la suite de l’inoculation de la matière sécrétée par la muqueuse nasale de cet homme.

Mais un fait unique, en le supposant même bien constaté, ne s’aurait en infirmer des milliers d’autres. L’expérience et l’observation sont venues d’abord jeter des doutes sur cette propriété contagieuse, puis convaincre un grand nombre de praticiens de l’absence complète de cette propriété. Si je ne m’en rapportais qu’au dire de la plupart des vétérinaires, et aux expériences que j’ai faites à l’infirmerie de Betz avec mon confrère et ami M. Berthonneau (nous avons vainement essayé d’inoculer la morve à dix chevaux jeunes et bien portans), je ne craindrais pas de dire hautement que la morve chronique ne peut se transmettre par contagion ; mais un pareil langage ne serait peut-être pas sans inconvénient ici ; j’aime donc mieux m’abstenir, et me contenter d’engager les propriétaires à la prudence, tout en leur conseillant de bannir ces craintes exagérées, et ces précautions ruineuses qui, dans l’état actuel de la science, seraient véritablement déplacées. Qu’ils évitent avec soin d’exposer leurs animaux aux véritables causes de la morve : voilà le meilleur secret de les en préserver.

Tout le monde sait que la morve confirmée est incurable : indiquer les traitemens qui ont été proposés pour la combattre, serait donc ici un véritable hors d’œuvre.

E. Maladies des yeux.
Fluxion périodique (ophthalmie intermittente, fluxion lunatique).

Maladie des yeux, reconnaissable à tous les signes de l’ophthalmie interne, apparaissant à des époques plus ou moins éloignées, et finissant presque toujours par entraîner la perte de la vue.

Les causes prédisposantes de cette maladie sont : le travail de la dentition, l’usage habituel des alimens fibreux, durs à broyer, des alimens mal récoltés ou avariés ; l’influence des pâturages marécageux, des lieux bas et humides, des brouillards habituels, des prairies rendues fétides par certains engrais, par exemple, par les égouts des villes, le limon des fleuves ; et enfin l’hérédité. Les principales causes occasionnelles sont : le passage du chaud au froid, les vapeurs irritantes des écuries, etc.

Symptômes. Ils peuvent être distingués en ceux qui appartiennent à l’accès, et en ceux qui se font remarquer dans les intervalles qui séparent ceux-ci —Les symptômes de l’accès peuvent être divisés en cinq temps. — 1er  temps. Les yeux paraissent atteints d’une ophthalmie ordinaire : il y a larmoiement, rougeur de la conjonctive, tuméfaction des paupières, sensibilité et chaleur plus marquées des parties qui environnent l’œil, aspect blanchâtre de la cornée, fièvre générale plus ou moins forte ; les yeux sont presque toujours fermés. Ce premier temps dure depuis 3 jusqu’à 10 à 12 jours.— 2e Temps. Les phénomènes précédens persistent, l’humeur qui s’écoule des yeux devient épaisse, la cornée est proéminente, l’humeur aqueuse perd sa transparence, et la cornée lucide paraît elle-même enflammée et obscurcie. — 3e Temps. L’inflammation parait diminuer un peu de force, les symptômes qui la caractérisent se dissipent, l’œil se découvre, l’humeur aqueuse qui était trouble et rendait la vision obtuse, commence à recouvrer sa transparence, en laissant voir ce qu’elle a d’opaque, se condenser sous forme d’un nuage et se convertir en une matière floconneuse qui, précipitée jusqu’en bas de la chambre antérieure,y est enfin absorbée plus ou moins parfaitement. — 4e Temps. Peu après l’éclaircissement de l’humeur aqueuse, il s’établit dans l’œil malade un nouveau travail inflammatoire moins fort que le premier ; la matière précipitée s’élève, se répand dans toute l’humeur aqueuse une seconde fois, et la trouble de nouveau. — 5e Temps. Il est marqué par la cessation complète de tous les symptômes inflammatoires, la précipitation de la matière opaque, et sa disparition définitive. Alors l’animal paraît complètement guéri ; mais quelques semaines après il survient une nouvelle attaque qui parcourt les mêmes périodes que la première, disparait comme elle, pour être suivie d’une 3e, puis d’une 4e, et ainsi de suite jusqu’à ce que les progrès du mal aient amené la perte complète de l’œil affecté. — Lorsque l’animal n’a encore éprouvé qu’un ou deux accès, on ne voit rien pendant les l’émissions ; mais lorsque les attaques se sont multipliées, les larmes acquièrent une qualité irritante, et déterminent souvent la chute des poils et même l’érosion de la peau en s’écoulant sur le chanfrein ; l’œil perd un peu de son volume, rentre dans son orbite, prend une teinte ardoisée ; la paupière supérieure se couvre de rides, la paupière inférieure se fend à une petite distance de l’angle nasal ; puis le cristallin devient opaque, et la cataracte se développe.

Tout ce que l’on a pu faire jusqu’à présent pour guérir la fluxion périodique a échoué, et la maladie doit encore être considérée comme incurable. Les soins à donner aux chevaux qui en sont attaqués consistent à faire dispa-