Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, II.djvu/559

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§ IV. — Nouriture des lapins.

La nourriture doit être distribuée aux lapins matin et soir. Si elle est verte, il faut la bien essuyer ; elle doit être principalement composée des débris de tous les légumes du jardin, en observant de donner peu de choux, de salades, et de plantes aqueuses et froides : l’herbe mouillée leur est funeste. Les feuilles et racines de carottes, toutes les plantes légumineuses, les feuilles et branches d’arbres de toute espèce, la chicorée sauvage, le persil, la pimprenelle, etc., peuvent former la nourriture des lapins pendant l’été ; on garde pour l’hiver les regains, les pommes de terre, les topinambours, les turneps, les betteraves champêtres, le fourrage du blé de Turquie, etc. L’usage du sel leur est aussi avantageux et leur donne de l’appétit. Le son, les grains de toute espèce et l’avoine, lorsqu’il est facile de s’en procurer, doivent faire aussi partie de leurs repas ; ils en mangent avec plaisir, et cette nourriture est utile surtout aux mères lorsqu’elles allaitent leurs petits. Il est très-bon de varier leur nourriture. Le mauvais état de leur litière occasionne la plupart de leurs maladies. La paille qu’on leur donne à cet effet doit être sèche et souvent renouvelée.

§ V. — Soins à donner aux mères et aux lapereaux.

Dès les premiers jours de la naissance des lapereaux, on doit rechercher avec soin si la mère ne les a pas déposés dans l’humidité, ce qui les ferait périr ; dans ce cas, on les enlève avec précaution, et on les dépose dans l’endroit le plus sec de la cabane. Il faut remarquer avec soin les époques auxquelles les mères ont été mises au mâle, afin de nettoyer leurs cabanes à temps, et leur enlever à propos la première portée, qui les détournerait lorsqu’elles voudraient mettre bas la seconde. Chaque lapine peut donner six à sept portées par année ; trois semaines après qu’elles ont mis bas, on doit remettre les mères aux mâles ; il faut les y laisser passer une nuit ; et lorsque l’un et l’autre sont en bon état, que ; le mâle n’a pas plus de cinq à six ans, et la femelle de quatre à cinq, il est rare que la lapine ne soit pas remplie. Elle revient ensuite à ses petits, et peut sans inconvénient continuer à les nourrir encore une huitaine de jours. Quelques mères font périr les jeunes lapereaux ; on peut les corriger de ce défaut, en leur donnant abondamment la nourriture qui leur est la plus agréable, en les dérangeant le moins possible, et en ne les mettant jamais au mâle que le soir ; lorsqu’elles en sortent le matin, elles mangent, dorment, et ne maltraitent pas les petits. Il ne faut faire couvrir les femelles qu’à l’âge de six mois ; elles portent trente ou trente-un jours et leurs portées sont depuis deux ou trois, jusqu’à huit et dix petits ; il est plus avantageux qu’elles ne soient que de cinq à six : les lapereaux sont plus forts et mieux nourris ; aussi quelques cultivateurs enlèvent-ils l’excédant de ce nombre, et ce procédé est convenable lorsque les mères sont faibles et surtout lorsqu’elles ont déjà perdu ou détruit leurs portées antérieures. A l’âge d’un mois les lapereaux mangent seuls et leur mère partage avec eux sa nourriture ; à six semaines ils peuvent se passer de mère et entrer dans la grande cabane qui sert de premier commun ; à deux mois et demi, on les lâche dans le clapier avec ceux qui sont destinés à la table. Il faut, avant de les y laisser en liberté, châtrer les mâles. L’opération pour la castration des lapins est très-simple ; elle se pratique en saisissant avec le pouce et les deux premiers doigts de la main gauche, l’un des testicules que le lapin cherche à rentrer intérieurement. Lorsque l’opérateur est parvenu à le saisir, il fend la peau longitudinalement avec un instrument très-tranchant ; il fait sortir ensuite le corps ovale qu’il a saisi, il l’enlève et le jette ; après en avoir fait autant de l’autre côté, il frotte avec un peu de saindoux la partie, ou bien il fait une ligature avec une aiguillée de fil, ou même encore il laisse agir la nature, qui guérit toujours cette plaie lorsqu’elle a été faite avec quelque adresse. Cette opération les dispose à grossir considérablement et donne du prix à leur peau. § VI. — Maladies des lapins. Il faut éviter de donner trop d’herbe verte et succulente aux lapins  ; un grand nombre meurt d’indigestion, d’autres sont attaqués d’une maladie qui est commune chez eux, et qui est occasionnée par un amas d’eau assez considérable qui séjourne dans leur vessie et qui les fait périr  ; cette maladie est appelée communément dase, gros ventre, etc.  ; dans ce cas, il faut les mettre à la nourriture sèche, leur donner du regain, de l’orge grillée, des plantes aromatiques, telles que le thym, la sauge, le serpolet, etc., et leur fournir de l’eau à discrétion. Il faut séparer les malades de ceux qui se portent bien, surtout s’ils sont attaqués d’une espèce d’étisie dans laquelle ils deviennent d’une maigreur extrême, et se couvrent d’une gale contagieuse dont il est très-difficile de les guérir  ; cette maladie, qui les attaque dans leur jeunesse, arrête leur croissance, les attriste, leur ôte l’appétit  : elle les fait en fin mourir dans de fortes convulsions, et si elle n’est pas arrêtée à temps, elle peut gagner tout le clapier. On l’attribue généralement à l’humidité. Il faut se hâter d’empêcher sa propagation en faisant périr les animaux qui en sont attaqués. Les petits sont aussi sujets à une maladie d’yeux qui les fait périr en peu de temps, et qui les attaque vers la fin de leur allaitement. Cette maladie parait être occasionnée par les exhalaisons putrides de la loge mal soignée  ; lorsqu’on s’en aperçoit à temps, on peut les sauver en les transportant dans une cabane propre avec de la paille fraiche. Peu de temps avant de prendre les lapins domestiques, il faut leur faire manger quelques plantes aromatiques pour leur donner du fumet  ; on peut aussi mettre dans leur corps, après les avoir vidés, ou dans leur assaisonnement, quelques feuilles de bois de Sainte-Lucie, ou bien frotter l’intérieur de leur ventre et leurs cuisses avec la grosseur d’une noisette environ de feuilles de bois de Sainte-Lucie, des fleurs de mélilot, de thym et de serpolet, réduites en poudre et mêlées avec une égale quantité de beurre frais et de lard. Ces préparations donnent aux lapins de clapier une saveur qui approche tellement des lapins sauvages, que les connaisseurs les plus exercés y sont trompés. Les peaux de lapin sont d’une défaite avantageuse et facile, l’hiver surtout  ; elles sont vendues 50 à 60 francs le cent  ; on n’en tire qu’environ la moitié de ce prix pendant l’été, à cause de la mue de l’animal  ; aussi ceux qui se livrent en grand à ce genre de commerce doivent-ils avoir soin de faire tous leurs élèves l’été, afin de pouvoir les vendre six à huit mois après, vers janvier. § VII. — Des meilleures races de lapins. l° Race riche. Son poil, en partie d’un gris argenté, et en partie de couleur d’ardoise plus ou moins foncée, est plus long, plus doux et plus soyeux que celui du lapin gris ordinaire  ; sa peau est employée comme fourrure dans plusieurs pays du nord, surtout en Suède  ; elle se vend ordinairement le double des peaux de lapins communs. L’élève de la race d’Angora (fig. 317) est plus

Fig. 317.