Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, III.djvu/107

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une laine grossière et d’une forme irrégulière ; elle ne fournit que des étoffes raides sans élasticité et dépourvues de moelleux. 13°Lainefaibleettendre.Onlarecueillesurdes animaux malades, faibles, jeunes ou morts, ou bien c’est une laine de bonne nature qui, après la tonte, a été abandonnée dans un lieu humide et a perdu ses qualités ; elle n’a presque aucune valeur. 14° Laine colorée. Ce n’est pas, à proprement parler, un défaut, mais un accident qui enlève aux laines fines une partie de leur valeur, surtout pour celles destinées aux étoffes les plus belles et teintes en couleurs délicates et claires. On a remarqué que la laine de couleur était généralement plus grosse, plus dure et moins souple que celle qui est blanche. seCTion ii. — Classement et triage des laines. Deux opérations sont nécessaires pour assortir et classer les laines suivant les qualités ou les propriétés qui les font rechercher dans les arts et les manu- factures. La 1re est le classement des moutons, ou bien le classement de leurs toisons, après qu’on les en a dépouillés, opération qu’on nomme quelque- foisdéchiffrageoudétrichagedestoisons.La2emeest le triage ou séparation des diverses portions de ces mêmes toisons, suivant les qualités commerciales de chacune de ces parties. Avant d’entrer dans des détails sur le classement et le triage des laines, nous allons donner un aperçu sommaire des noms sous lesquels on distingue les différentes espèces sur le marché de Paris. On partage d’abord les laines en plusieurs espèces, savoir : laines de toison, ou laines enlevées au moyen de la tonte sur des moutons vivants ; laines de moutons gras, ou celles qui ont été enlevées en toutes saisons sur les moutons, avant de les livrer à la boucherie ; laines de peaux, ou dépouille de la peau des moutons qui ont été abattus, et qui diffèrent des suivantes en ce qu’elles sont recueillies en suint ; laines d’abat, pelures, pelades, ou laines enlevées sur les peaux des moutons livrés au boucher, au moyen de la chaux : elles n’ont plus ce moelleux et ce nerf que conservent les laines vivantes ; laines mortes, morines, celles abattues sur la peau d’animaux morts d’acci- dent ou attaqués de maladies. Les laines sont en suint, surges ou en gras, quand elles n’ont pas été passées au lavage ; lavées à dos ou sur pied, quand elles ont subi cette opération sur le dos des moutons ; et lavées, blanches, ou en blanc, quand les toisons ou les laines triées ont été soumises au lavage. Les pelures assorties par qualités par les laveurs, et épurées par le lavage, sont connues sous le nom d’écouailles. En général les laines, quelle que soit leur orig- ine ou leur nature, sont assorties par qualités. Ces qualités portent, soit des noms, soit des numéros, dont l’ordre est déterminé suivant la finesse du brin ; ainsi, parmi les laines indigènes on distingue la prime, c’est-à-dire la laine la plus belle et la plus fine, qu’on récolte sur la toison de nos moutons indigènes ; viennent ensuite les 1er, 2e, 3e, 4e qual- ités qui décroissent ainsi successivement jusqu’aux laines les plus communes. Dans les laines fines on fait encore un plus grand nombre de qualités. Ainsi, ondésignesouslenomd’extra-primeoud’extra-fine la laine superfine des races améliorées de mou- tons français ou étrangers ; telles sont les laines du troupeau de Naz (Ain), ou des troupeaux qui en sont issus ; celles des moutons de la Saxe, de la Bohème, de la Silésie ou de la Moravie importés en France, ou croisés avec nos métis ou nos mérinos de pur sang. Après cette laine vient la prime, qui est encore une laine de choix, récoltée sur quelques parties du corps des mérinos fins, ou sur nos métis, puis une série de qualités désignées sous le nom de 1er, 2e, 3e, 4e, 5e, etc., qu’on abat sur des mérinos moins fins, sur des métis dont la toison n’a pas encore atteint un haut degré d’amélioration, etc. § ier. — Classement des moutons ou des toisons. Pour être à même de classer des moutons ou leurs toisons, il faut d’abord connaître les princi- pales espèces de laines que produit le sol français. Nous n’avons pas la prétention de classer toutes leslainesfrançaises,travailimmenseettrèsdif- ficile, mais nous pensons que comme 1re division elles peuvent être rangées sous les quatre catégories suivantes. 1° Les laines indigènes. Ces laines comptent un très grand nombre de variétés que nous chercherons toutefois à réduire aux trois suivantes. Les laines grossières provenant de moutons indigènes abâtardis, malheureusement très répan- dus encore sur notre sol. Les toisons de ces animaux sont généralement composées d’une laine grossière, inégale, sans ondulations, raide, jarreuse, la plupart du temps brouillée, et qui n’est guère propre qu’à la grosse draperie, aux tapis et moquettes, à la grosse couverture, aux lisières des draps fins et communs,

94 ARTS AGRICOLES : LAVAGE DES LAINES LIV. IV. à la grosse bonneterie et passementerie, enfin aux matelas bons et ordinaires. Les laines communes, moyennes et bonnes sont aussi très nombreuses en France, et connues sous le nom de beauceronnes, picardes, sologne, médoc, béar- naises, bayonnaises, etc. ; elles servent à la fabrica- tion des draps pour l’habillement des troupes, des londrins pour les échelles du Levant, l’Asie et les Amériques, ainsi que pour les couvertures ordi- naires et mi-fines, les molletons, les grosses flanelles, les serges, les cadis, les tricots, la bonneterie et la passementerie, etc. Ces laines sont généralement, ainsi que les précédentes, lavées sans triage et con- servées en toisons. Leslainesmi-fines,finesetsuperfluesourefinsindigènes, récoltées les 1ers dans les départements de l’Hérault, de l’Aveyron, de l’Aude, des Pyrénées-Orientales, etc., et les autres dans le Gard, les Bouches-du- Rhône, le Var, le Vaucluse, et dans les anciennes provinces du Poitou, du Berry, de la Champagne et la Sologne, etc. Ces laines, suivant leur degré de finesse, peuvent souvent être classées avec celles des métis de mérinos et brebis communes des 1re, 2e 3e ou 4e générations, elles servent à la fabrica- tion desdraps mi-fins et autres tissus, et ne sont pas généralement livrées au commerce en suint, mais lavées. 2°Leslainesdesmétisoulainesindigènesperfectionnées,