Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, III.djvu/108

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qui diffèrent beaucoup entre elles suivant le degré de perfectionnement où le métis est arrivé, c’est-à- dire depuis le 1er croisement ou une amélioration sensible se manifeste déjà, jusqu’au 30e, où les ani- maux si l’on a observé avec rigueur les principes rai- sonnés de la propagation avec des béliers superfins sont parvenus à la fixité du type et à la constance du sang, et donnent des produits au moins aussi beaux que ceux des mérinos superfins. Nos métis, avec les races espagnoles, fournissent déjà aux 2e et 3e croisements des laines comparables aux plus belles ségoviennes, sorianes et estramadures ; aux 3e ou 4e, des laines aussi belles que les léonaises, et aux 4e, 5e et 6e, des produits presque aussi perfectionnés que les mérinos purs. 3° Les laines de mérinos de pur sang, qui sont celles qui réunissent les qualités les plus précieuses pour la fabrication des draps superfins et des étoffes les plus belles. Ces laines, ainsi que les précédentes, sont maintenant répandues avec assez d’abondance sur le sol de la France, mais toutefois avec les dif- férences qu’apportent la race, la variété, la famille et le régime. 4° Les laines longues et lisses des moutons anglais des races de Leicester, Dishley, Lincoln, Teeswater, Romney-Marsli, importées récemment en France, ou celles de leurs métis, entre autres ceux obtenus depuis peu à Alfort par M. yvarT avec des brebis artésiennes et mérinos, et qui servent surtout à la fabrication des étoffes rases. Les quatre catégories précédentes ser- ont généralement suffisantes, pour classer des troupeaux, à l’éleveur ou propriétaire qui possède diverses races de moutons et qui vend sa laine en suint ; mais quelque soit le degré d’amélioration d’un troupeau, il y a toujours des différences sensi- bles entre les toisons des animaux qui le composent, et si on veut séparer ces divers degrés de finesse, il faut procéder à une classification plus précise et plus détaillée. Dans les trois classes de laines indigènes on pourra aisément former des lots de tous les animaux qui se rapprochent le plus par la finesse de leurs toi- sons. Dans la catégorie des métis on peut subdiv- iser encore ces animaux suivant le point de perfec- tion où ils sont arrivés, ou bien suivant la quantité de laine prime qu’ils peuvent donner. Ainsi à la 4e génération un métis adulte issu de béliers superfins donneenmoyenne,danslesétablissementsbien dirigés, 25 p. % de prime, 50 p. % de 1re qualité, et 25 de 2e et 3e. Après 16 à 20 générations, et tou- jours avec des béliers superfins, un métis donnera 20 p. % d’extra-prime, 50 de prime, 20 de 1re et 10 de 2e qualité. Quand on ne veut pas multiplier les divisions, on peut simplement classer ces moutons en métis fins, 2e, 3e, 4e croisements, et en métis surf- ins, 4e, 5e, 6e croisements. Quant aux mérinos proprement dits, on peut les classer : 1° en moutons de race super-fine, tels que ceux du troupeau de Naz, ou des troupeaux de Beaulieu (Marne), de Pouy (Yonne), de Pon- tru(Aisne),etc.,quiensontissus,oulesmoutons descendus des races de la Saxe, dites électorales, importées en France tels que le troupeau de Villotte (Côte d’Or), etc. ; 2° en mérinos purs ou moutons des plus beaux troupeaux de la France, mais qui n’ont pas encore atteint le degré de perfection des précédents, tels que ceux de M. de poLignaC dans le Calvados, le troupeau de Rambouillet, etc. ; 3° en mérinos ordinaires issus directement de races espagnoles et fournissant des laines semblables à celles de ce pays. Parmi ceux-ci on pourrait dis- tinguer les animaux qui descendent des races léo- naises, ségoviennes ou sorianes. qui sont les 3 types qui fournissent les laines les plus fines et qu’on a le plus fréquemment importées en France pour la propagation. La première surtout, qui est la plus perfectionnée, présente encore plusieurs variétés parmi lesquelles celles appelées Infantado, Guada- loupe, Paular, Negretti, Escurial, etc., sont les plus nobles et les plus belles, mais firent des différences appréciables dans les caractères physiologiques, ainsi que dans la nature des toisons. Dans les bergeries les mieux tenues de la Saxe et de la Bohème, après que les animaux ont été classés suivant une des catégories précédentes, ou leurs subdivisions, on les sépare encore en brebis, mou- lons, béliers et agneaux, qu’on lave et qu’on tond séparément. Non seulement la brebis l’emporte sur le mouton et celui-ci sur le bélier pour la finesse de la laine, mais on peut établir comme un fait con- stant que les plus vigoureux ou les plus jeunes le cèdent sous ce rapport aux plus faibles et aux plus âgés. Les manufacturiers. indépendamment de la finesse, classent ordinairement les toisons suivant

CHAP.5e CLASSEMENT ET TRIAGE DES LAINES 95 l’emploi que l’on fait de la laine dans les arts. Dans ce système on peut comprendre dans une 1re divi- sion toutes celles dont la laine est fine, courte (2 à 4 po.) et ondée, qu’on nomme aussi laine de carde, et qui, par la facilité avec laquelle elle se feutre est éminemment propre à la fabrication des étoffes drapées ; telles sont celles de la plupart des mérinos ou de leurs métis et d’un grand nombre de moutons indigènes. — Dans la 2e division on range les laines de peigne, laines lisses, laines longues et brillantes, qui sont celles qu’on destine à la fabrication des étoffes rases, telles que burats, étamines, bouracans, camelots, popelines, bombasins, étoffes pour gilets, flanelles, passementerie, etc. Ces laines sont généralement à mèches longues (5 à 22 po.), d’un aspect soyeux, brillantes, sans ondulations, susceptibles d’acquérir et de conserver par le peignage et la chaleur un parallélisme parfait entre les brins et ne se prêtant qu’avec difficulté au feutrage. Telles sont les laines fournies par nos moutons de la Picardie, de l’Ar- tois, de la Flandre, du pays de Caux, de la Cham- pagne, de la Bourgogne, du Soissonnais, et par les moutons anglais récemment introduits, ou celles des moutons d’Oostfrise. Dans ces laines la finesse du brin a moins d’importance que la longueur. — On peut former une 3e division pour les laines qui réunissent la longueur à un certain degré de finesse, et qui sont destinées à la fabrication de ces tissus moelleux et solides connus sous le nom de méri- nos. On distinguera encore dans cette