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Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, III.djvu/146

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132 ARTS AGRICOLES : ÉDUCATION DES VERS À SOIE LIV. IV. genêt ou des menus brins de bouleau. Plusieurs échelles sont nécessaires dans une mag- nanerie pour distribuer la feuille aux vers qui sont placés sur les tablettes supérieures, auxquelles on ne peut atteindre autrement. Nous conseillons sim- plement, tant pour l’intérieur des magnaneries que pour la cueillette des feuilles, des échelles simples et doubles, à échelons ronds ou plats, comme on les aura, et telles qu’on les trouve d’ailleurs partout, parce qu’elles nous ont paru faciles à approprier aux différents services dont il est question. Des paniers de différentes grandeurs sont néces- saires pour porter et distribuer la feuille du mûrier dans les différentes parties de la magnanerie, et la distribuer aux vers sur les tablettes. Ces paniers doivent être légers et, de préférence, faits en osier ; leur forme importe peu, mais en général il faut qu’ils soient pourvus d’une anse, et que celle-ci soit munie d’un crochet par lequel on puisse les suspen- dre toutes les fois que cela sera nécessaire, soit au rebord des tablettes, soit aux échelons supérieurs des échelles, quand on les emploie pour porter la nourriture aux vers placés sur les tablettes élevées. Lorsque les vers sont parvenus à cet état qu’on appelle la maturité, ils cessent de manger, ils quittent la litière, courent ça et là sur le bord des tablettes, en levant de temps en temps la partie supérieure de leur corps, comme pour chercher une place pro- pre à faire leur cocon ; ces signes annoncent qu’ils sont tout prêts à commencer ce travail. Dès qu’un certain nombre de vers indique ainsi que la fin du 5e âge est arrivée, il faut s’occuper sans retard de leur procurer les moyens de faire leurs cocons. On a imaginé, pour leur rendre ce travail plus facile, Fig. 135. deleurconstruiredescabanesouhaies(fig.135)sur lesquelles ils puissent monter. Ces cabanes se font avec de petits faisceaux composés de rameaux effilés, flexibles et secs, liés seulement par le bas et par leur gros bout. Dans le midi, on prend ordi- nairement, pour composer ces petits faisceaux, des rameaux de la bruyère arborescente, de l’alaterne ou du genêt ; mais dans les pays où ces espèces ne se trouvent pas, ou sont rares on peut employer à leur place d’autres espèces de bruyère, ou des rameaux de bouleau cueillis à la fin de l’hiver, avant le dével- oppement des feuilles. Quelle que soit l’espèce dont on forme les faisceaux, ceux-ci doivent être d’un tiers au moins plus longs que l’espace qui se trouve entre deux tablettes, afin que la partie qui forme la base de chaque poignée étant appuyée sur les tab- lettes, la portion supérieure, dont toutes les brin- dilles doivent rester libres et divergentes, puisse être plus ou moins forcée et recourbée en berceau par le plancher de la tablette qui se trouve au-dessus. On place ainsi sur chaque tablette, après l’avoir auparavant bien nettoyée, le nombre de faisceaux nécessaires, en les espaçant à 3 ou 4 pouces les uns des autres, et en les disposant de manière à former, par le haut, des espèces d’arcades ou berceaux, et en laissant d’ailleurs assez d’espace d’un berceau à l’autre, pour que les vers qui ne montent pas tout de suite puissent encore être à l’aise dans le bas des tablettes, et continuera y recevoir leur nourriture jusqu’au moment où ils quitteront la litière. En con- struisant les cabanes, il faut avoir bien soin qu’elles ne débordent jamais les tablettes sur lesquelles elles sont appuyées, afin que les vers auxquels il arrive de tomber après y être montés, ne fassent pas des chutes de trop haut, et que, tombant sur les tab- lettes, ils puissent de nouveau remonter facilement dans la ramée, tandis que s’ils tombaient en dehors, leur chute les exposerait davantage à se blesser, et ils ne pourraient plus retrouver le chemin des cabanes. On a conseillé un petit châssis à peu près semblable à la tablette de transport dont on a déjà parlé, pour mettre les papillons mâles et femelles lorsqu’ils sont accouplés, et un chevalet sur lequel est tendu un linge pour y placer les femelles après qu’elles sont fécondées, et sur lequel elles doivent faire la ponte de leurs œufs. Ces deux ustensiles, qu’on trouve figurés dans les ouvrages de dandoLo et de M. BonaFous, ne nous ont pas paru nécessaires. Nous nous sommes toujours servis, pour placer nos papillons, d’un petit meuble à plusieurs tiroirs ayant chacun 2 pieds de longueur, 1 pied de largeur et 3 pouces de hauteur. Nous mettons dans différents tiroirs : 1° les papillons accouplés ; 2° les femelles séparées des mâles après avoir été fécondées ; 3° les mâles gardés pour les donner aux femelles qui n’ont point encore subi l’accouplement. Les tiroirs dans lesquels nous plaçons les femelles fécondées ou accouplées sont garnis, dans le fond, d’un morceau de toile ou d’étoffe de laine ou de coton suffisamment grand, sur lequel les femelles pondent leurs œufs. Le tiroir dans lequel il n’y a que des mâles n’est garni que de papier. D’après cette manière de faire, ces papillons sonttoujourstenusdansuneobscuritécomplète, excepté dans les moments fort courts où l’on ouvre les tiroirs pour effectuer les accouplements, les surveiller ou en operer la séparation, et rien ne peut détourner les femelles du travail de la ponte. L’obscurité semble être favorable au papil- lon