Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, III.djvu/147

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du ver à soie, qui est un insecte nocturne. La petite chambre qui a servi d’étuve, et qui, depuis

CHAP.7e DE LA MAGNANERIE EN GÉNÉRAL 133 longtemps, n’a plus d’emploi à l’époque de la nais- sance des papillons, est un lieu convenable pour cet objet. À ces tiroirs, placés dans un meuble particu- lier, on peut, à la rigueur, substituer des boîtes car- rées, en bois mince ou même en carton, d’égale lar- geur et longueur ; 5 à 6 de ces boîtes, placées les unes sur les autres, seront suffisantes pour faire 6 à 8 onces de graine, et, pour intercepter le jour à la supérieure on la recouvrira d’une grande feuille de carton. Pour se procurer une plus grande quantité de graine, il vaudra mieux avoir un meuble, qu’on peut faire faire depuis 8 jusqu’à 12 tiroirs, et même plus. LoiseLeur-desLonChamps. § iv. — Purification de l’air des ateliers. Les causes occasionelles des maladies qui affectent le ver à soie, ont été l’objet des recherches des natu- ralistes qui en ont étudié les symptômes, la marche, ainsi que les altérations qu’elles produisent. Tous leurs travaux nous portent à conclure que, dans l’état actuel de nos connaissances, il est plus diffi- cile de guérir les maladies de cet animal que de les prévenir. Les moyens de prévenir les maladies ne consistent pas seulement dans le choix de la feuille du mûrier, dans l’ordre des repas et la quantité de nourriture appro- priée à chaque période de la vie de ces insectes, dans une température convenablement graduée, et dans l’espace progressif qu’on doit leur faire occu- per à mesure qu’ils se développent ; ils reposent plus encore dans les soins nécessaires pour les préserver des émanations produites par la fermentation de leur litière et des matières exerémentitielles. Dans le but de détruire ces funestes émana- tions, que la circulation d’un grand volume d’air, la propreté, les soins, et la surveillance ne suffis- ent pas toujours pour éloigner, les habitants des campagnes essaient vainement de faire brûler des feuilles odoriférantes, de l’encens on des baies de genièvre ; les vapeurs qui en proviennent masquent plutôt qu’elles ne détruisent les mauvaises odeurs de l’air atmosphérique ambiant, et les seules fumi- gations efficaces dans ce cas, sont celles qui peu- vent changer la nature des émanations répandues dans les ateliers, les décomposer et faire contracter à leurs principes des combinaisons nouvelles qui ne soient pas douées de principes nuisibles. Guidé par cette théorie, M. paroCeTTi fut le pre- mier en 1801 à appliquer le chlore à l’assainissement des ateliers. Depuis lors, dandoLo et ses nombreux imitateurs ont constaté par une longue expérience les effets salutaires de ce gaz dont l’usage est dev- enu vulgaire chez les cultivateurs éclairés. Ce dern- ier agronome avait aussi recommandé le procédé de M. smiTh, consistant à charger l’atmosphère de vapeurs d’acide nitreux, qui se dégagent du nitrate de potasse (salpêtre) arrosé d’acide sulfurique (huile de vitriol) ; et une pratique de plusieurs années me porte à croire que ces vapeurs, moins irritantes que celles du chlore, ont plus d’efficacité dans les ateliers peu spacieux. Cependant, quel que soit le pouvoir désinfectant du chlore et des vapeurs nitreuses, ils n’exercent pas d’action sur l’acide carbonique qui, en se dégageant en grande quantité des matières végétales et ani- males, rend l’air qui lui sert de véhicule moins pro- pre aux fonctions respiratoires. Il fallait rechercher un procédé capable d’agir simultanément sur l’hy- drogène, partie constituante des miasmes, et sur l’acide carbonique, isolés ou combinés entre eux. Dans ce but, j’ai fait choix du chlorure de chaux, dont on connaît bien aujourd’hui la propriété de désin- fecter l’air et de ralentir la putréfaction, et j’ai tenté des expériences comparatives afin de m’assurer de son efficacité pour assainir les ateliers de vers à soie. Ces expériences ont eu un succès décisif, et les résul- tats que j’ai obtenus me paraissent assez remarqua- bles pour fixer l’attention des éducateurs de vers à soie et les déterminer à employer le chlorure de chaux à l’assainissement de leurs ateliers ; la facilité avec laquelle on le prépare, le prix modique auquel il revient, contribueront sans doute à en introduire bientôt l’usage dans notre économie agricole. Pour procéder à l’assainissement d’un atelier de vers à soie, il suffit de placer au milieu de cet atelier un baquet ou une terrine contenant une partie de chlorure de chaux sur trente parties d’eau environ, ou 30 grammes (1 once) de chlorure sur 1 litre d’eau, pour chaque quantité de vers provenant d’une once de graine ; on agite la matière, et, quand elle est précipitée, on tire à clair, on renouvelle l’eau, et l’on réitère l’opération 2 ou 3 fois dans les 24 heures, suivant que le besoin d’assainir l’air est plus ou moins impérieux. On ne change le chlorure que lorsqu’il cesse de répandre de l’odeur. Mais, en recommandant ce nouveau mode de désinfection, je ne saurais trop inviter aussi les cul- tivateurs à ne pas négliger de faire pénétrer dans les ateliers un courant d’air qui chasse celui qu’ils contiennent, et de faire fréquemment des feux de flamme, de manière à lui procurer une expansion qui le détermine à céder sa place à l’air extérieur ; tant il est vrai qu’une ventilation bien dirigée me semble encore préférable aux moyens que la chimie, dans l’état actuel de nos connaissances, peut offrir aux éducateurs de vers à soie. BonaFous. seCTion iv. — Soins à donner aux vers à soie, ou éducation dans les différents âges. § ier. — Éclosion de la graine, naissance des vers. Pour avoir des éducations de vers à soie qui soient productives, la première chose à faire est de se pro- curer de bonne graine ; c’est ainsi qu’on appelle ordi- nairement les œufs de ces insectes, probablement à cause de la ressemblance qu’ils présentent avec de menues graines. Celle qu’on peut avoir de sa pro- pre récolte doit toujours être considérée comme la meilleure, parce qu’on est plus sûr de ses qualités, et que quelquefois on est trompé en l’achetant ail- leurs ; cependant,