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titre iii.
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TAILLE ET CONDUITE DES ARBRES FRUITIERS.


rents, s’anastomosent inévitablement, et cela pour ainsi dire à tout âge, ce qui rend le pommier très propre à la greffe en approche, dont nous avons donné, pour le pommier, l’une des plus utiles applications (voir Greffe, fig. 189). La seule forme qui mérite une mention spéciale, parce qu’elle est particulière au pommier, c’est celle de buisson nain (fig. 281). Ce buisson se prépare sur deux branches dont chacune porte trois yeux bien conformés, comme le poirier en vase, forme que le pommier sur doucain prend également avec la plus grande facilité. Mais comme il est dans la nature des sujets de paradis de ne jamais former qu’une petite quantité de racines presque à fleur de terre, ils ne sauraient être en état de nourrir une tête aussi forte que celle qu’exige la forme en vase ; les trois yeux de chaque membre sont donc maintenus à peu près à la même hauteur ; l’arbre, à aucune époque de son existence, ne doit s’élever au-delà d’un mètre 50 cent. Les pommiers sur paradis, ou, comme disent les jardiniers par abréviation, les pommiers-paradis, ont pour mérite essentiel de se mettre à fruit immédiatement et de porter les plus beaux fruits de leur espèce (voir Jardin fruitier). Les pommiers ne se prêtent point, comme le poirier, au rajeunissement par recépage, pas plus les arbres sur franc et doucain que les pommiers-paradis ; mais comme ils meurent ordinairement par parties, en conservant toujours une portion, ou tout-à-fait saine, ou du moins plus vivace que le reste, ils se maintiennent longtemps par le rajeunissement partiel. Les pommiers-paradis n’ont jamais une longévité bien grande, défaut largement compensé par leur étonnante fertilité et la promptitude de leur mise à fruit ; ils montrent toujours à deux ans leur premier fruit ; à trois ans, c’est-à-dire trois ans après leur mise en place, ils sont en plein rapport. Dans la plupart des jardins fruitiers, les pommiers-paradis ne meurent avant le temps que

parce que le jardinier n’a presque jamais le courage de leur retrancher une partie des boutons à fruit pour leur faire pousser de bonnes branches à bois ; ceux qui savent se contenter d’une production modérée, en rapport avec la force des sujets, n’y perdent rien, caries arbres durent plus longtemps et les fruits plus beaux ont plus de valeur. Les branches qui, sur le pommier-paradis, exigent lors de la taille la principale attention du jardinier, sont les brindilles et les lambourdes. Les brindilles du pommier, toujours terminées par un bouton à fruit, ne se taillent pas avant que ce bouton n’ait produit une récolte ; on les rabat ensuite sur un bon œil, dans le seul but de maintenir la production des fruits le plus près possible des branches principales ; plus le fruit naît loin de ces branches, moins il doit avoir de volume et de qualité. Les lambourdes n’ont jamais besoin d’être rabattues sur leur œil inférieur ; ayant pris naissance sur une bourse, elles ne peuvent donner, quand on les taille, que des rameaux de dimensions moyennes, toujours plus disposés que les autres de même force à se charger de boutons à fruit. Pour tous les autres détails de la taille et de la conduite du pommier, nous ne pouvons que nous en référer à ce que nous avons dit de la taille et de la conduite du poirier.

Fig. 281.

Section VIII. — Taille et conduite du groseillier.
§ 1er . — Végétation naturelle.
Groseillier à grappe.

Fig. 282.

Le groseillier à grappe est un arbrisseau tellement fertile, qu’on lui fait rarement l’honneur de raisonner sa taille, attendu que, de quelque manière qu’on le gouverne, il rapporte toujours ; il peut cependant y avoir d’énormes différences dans la quantité et la qualité des produits, selon la manière dont le groseillier a été traité. Dans quelques communes voisines de Paris, la culture du groseillier, menée de front avec celle des arbres fruitiers en plein-vent à haute tige, sur le même terrain, donne des produits fort importants avec la plus grande régularité. La groseille est un si bon fruit quand, par la culture, on sait la conduire à sa perfection ; elle se vend d’ailleurs toujours avec tant d’avantages, que nous croyons devoir indiquer ici les moyens très simples de l’obtenir en abondance et de première qualité.

Considérons d’abord le mode de végétation du groseillier. A l’époque de la chute des feuilles, le bourgeon de l’année, A (fig. 282), porte à la fois des yeux à bois et des yeux à fruit ; les uns et les autres ont été formés pendant l’année dans l’aisselle des feuilles ; l’œil terminal est toujours à bois. Les sections B et C de la même branche nous montrent des groupes d’yeux presque tous à fruit ; ils sont plus nombreux sur