la section B que sur la section A ; ils le sont
plus encore sur la section C. Quant à la section
D, il est facile de voir qu’ils ont été sur cette
partie de la branche en aussi grand nombre que
sur celle qui la précède immédiatement ; niais
elle a commencé à se dégarnir. Plus bas, la
section E qui a passé par tous les états représentés
par l’état actuel des sections supérieures,
et qui était à la fin de la première année de son
existence un bourgeon semblable de tout point
à la section A, est totalement dégarnie d’yeux ;
c’est une section épuisée qui ne peut plus se
remettre à fruit ; seulement, il en pourra sortir
quelque bourgeon adventif, sur lequel on pourrait la rabattre dans le but de la rajeunir.
L’examen des différentes sections de cette branche
nous montre clairement la marche de la
végétation du groseillier à grappe. Les boutons
à fruit s’y façonnent dans les aisselles des
feuilles pendant la première année de l’existence
du bourgeon ; durant la seconde année,
le bourgeon terminal prolonge la branche et
commence une nouvelle section. Le bois de
deux ans a formé, toujours à l’abri des pétioles
des feuilles, des yeux groupés en assez grand
nombre, surtout vers le bas de cette section. Il
en est de même du bois de trois ans ; c’est sur
lui que la récolte promet d’être le plus abondante.
Il y a encore beaucoup de bons yeux
sur le bois de quatre ans ; mais comme l’abondance
des fruits qu’il portait quand il était
comme celui qui le précède, à sa troisième année,
s’est opposée à la naissance des feuilles, il
n’a rien laissé pour l’année suivante, il est
épuisé ; car, pour les rameaux du groseillier à
grappe, on peut poser comme une règle qui
n’admet point d’exception : Pas de feuilles, pas de fruit.
§ II. — Taille et ravalement.
La connaissance de ces faits montre le but de la taille et de la conduite du groseillier ; prolonger les tiges autant que possible en lignes droites, les remplacer par un bourgeon sorti d’une des sections inférieures quand ce bourgeon peut être provoqué à sortir, sinon les sacrifier à la cinquième ou au plus tard à la sixième année de leur existence. En effet, parvenues à cet âge, les tiges du groseillier ont encore deux sections en plein rapport ; mais elles en ont deux épuisées, une trop jeune pour produire, et une autre dont les produits sont encore faibles. Si l’on conservait cette branche pour attendre la pleine mise à fruit des sections supérieures, on n’y gagnerait rien, parce que, d’une part, les pousses annuelles diminuent considérablement de longueur en s’éloignant de la souche, et que de l’autre, elles portent un moins grand nombre de boutons à fruit. C’est donc le moment de les rabattre ou de les sacrifier. Les tiges du groseillier n’ont pas toujours sur leurs sections inférieures un bon bourgeon de remplacement sur lequel on puisse les rabattre, et le ravalement de la branche ne provoque pas toujours la naissance île ce bourgeon ; c’est par ce motif que dans les plantations de groseilliers, les cultivateurs qui traitent cet arbuste en grande culture, au lieu de le planter par pieds isolés comme on le fait dans quelques jardins, pour lui établir une tête, forme à laquelle il se prête avec beaucoup de docilité, plantent trois ou quatre groseilliers ensemble dans la même fosse ; sur ce nombre, il s’en trouve toujours assez qui donnent des bourgeons inférieurs, pour que la touffe, sans cesser d’être productive, ne soit jamais dégarnie.
Pendant la saison de la maturité des groseilles, la population ouvrière de Paris se porte en foule le dimanche et même le lundi vers les communes peuplées de guinguettes où le groseillier à grappe se traite en grande culture pour la consommation de la capitale, et on voit souvent le soir revenir des milliers de femmes et d’enfants portant à la main de grosses branches de groseillier garnies de leur fruit mûr. Ce sont des branches qui, à la taille prochaine, devraient être supprimées comme ayant fait leur temps ; elles se vendent de 5 à 15 centimes ; celles qui avaient des bourgeons de remplacement ont été rabattues sur ces bourgeons, qui par ce moyen profitent d’autant mieux de la dernière sève ; on ne remarque point que les groseilliers souffrent de cette taille donnée au moment de la maturité des fruits ; cependant, hors ce cas exceptionnel justifié par un motif d’intérêt, il vaut mieux tailler en hiver, pendant le repos de la sève.
La taille qui suit immédiatement la plantation consiste à rabattre sur trois ou quatre bons yeux qui donneront naissance à autant de branches destinées à parcourir les phases que nous venons de décrire. Afin d’assurer aux bourgeons qui sortiront de ces yeux une végétation vigoureuse, on supprime avec soin tous les yeux qui pourraient exister sur la souche au-dessous des trois qui suivent la taille, ou qui viendraient à s’y développer plus tard. Les bourgeons de prolongement qui doivent chaque année former successivement les sections de chaque branche ne doivent point être livrés à leur végétation naturelle ; il ne faudrait même pas les tailler trop long, pour ne pas donner trop d’élévation au groseillier tout formé, et aussi pour éviter d’avoir dans chaque section un trop long espace vide de boutons à fruit.
Lorsqu’une branche forme la sixième pousse et qu’on prévoit la nécessité de son ravalement pour la remplacer par un bourgeon inférieur, on ne laisse pas la sève se perdre dans les deux sections supérieures qui ne sont pas destinées à vivre ; dès que la floraison est terminée et que le fruit est noué, on taille dans le bois de deux ans, un ou deux centimètres au-dessus de la grappe la plus rapprochée du haut ; le fruit de cette branche qu’on n’a aucun intérêt à ménager puisqu’elle est condamnée, profite de cette suppression ; elle sert aussi à préparer le bourgeon de remplacement.
Les indications qui précèdent se rapportent exclusivement au groseillier à grappe, à fruit