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titre iii.
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TAILLE ET CONDUITE DES ARBRES FRUITIERS.


rouge, couleur de chair, et blanc ; les autres espèces de groseillier ont une végétation différente et demandent d’autres soins, quoiqu’en France on soit dans l’habitude de ne leur en donner aucun.

A. — Groseillier à fruit noir, cassis.

Ce groseillier végète tout autrement que le groseillier commun à grappe ; les yeux à fruit existent tout formés sur le bois de l’année ; tous les yeux sont à fruit excepté le terminal d’un bout à l’autre du bourgeon. Les branches du cassis sont épuisées à la quatrième année ; elles fournissent à volonté des bourgeons de remplacement : elles n’ont pas besoin d’être raccourcies comme celles du groseillier commun ; on peut les livrer au cours naturel de leur végétation.

B. — Groseillier épineux.

L’emploi des fruits verts de ce groseillier pour l’assaisonnement du maquereau lui a fait donner le surnom de groseillier à maquereau, sous lequel il est connu dans nos jardins. Sa végétation, suit la même marche que celle du cassis ; l’œil terminal est seul à bois ; tous les yeux le long du bourgeon de l’année sont des yeux à fruit, quelquefois doubles, le plus souvent simples. Quand l’extrémité des rameaux très flexibles de cet arbrisseau arrive à terre, elle s’y enracine pour peu qu’elle y rencontre un peu d’humidité. La multitude de jets épineux chargés de fruits que ce groseillier pousse dans tous les sens quand il est livré à lui-même , rend sa touffe impénétrable, ce qui nuit à la qualité du fruit en le privant d’air et de lumière, et occasionne la perte d’une partie de la récolte qu’il devient impossible de cueillir. Les branches qui ont fructifié pendant trois ans ont besoin d’être rajeunies ; les touffes doivent toujours être élaguées pour que la main pénètre sans piqûre dans leur intérieur.

Section IX. — Taille et conduite du framboisier.
§ 1er . — Végétation naturelle.

Le bois du framboisier est à peine du bois ; son canal médullaire, très large par rapport à la grosseur des tiges, occupe plus de la moitié de leur diamètre ; aussi le framboisier quoiqu’il puisse dépasser la hauteur de deux mètres, n’est-il en effet qu’un sous-arbrisseau. Ses drageons prennent en un an toute la longueur qu’ils doivent avoir ; l’année d’ensuite ils fleurissent, fructifient et meurent. Il ne reste de vivant qu’une souche garnie de nombreuses racines traçantes ; le framboisier se continue ainsi d’année en année par ses drageons toujours surabondants ; rien ne peut empêcher le framboisier de doux ans de mourir. Telle est la marche invariable de la végétation du framboisier. Les productions fruitières sont des brindilles ordinairement fort courtes, quoique dans des circonstances très favorables, elles puissent atteindre une longueur de 0m,15 à 0m,20 ; elles naissent toujours dans les aisselles des feuilles, comme le montre la fig. 283 ; tous les yeux du framboisier sont à fruit. Le framboisier présente en outre un phénomène très remarquable et qui lui est propre, il peut donner des fruits sur une tige encore herbacée ; son bois, pour porter fruit, n’a pas besoin d’être aoûté ; il fait exception à la règle qui veut que le bois et le fruit mûrissent ensemble, et qu’il ne puisse se trouver des boutons à fruit que sur du bois parfaitement mûr.

Fig. 283

§ II. — Taille et élagage.

La taille est nécessaire au framboisier pour faire naître les fruits sur la partie de la tige la plus capable de les porter et de les nourrir ; s’ils n’étaient point taillés, les jets de l’année ne fleuriraient qu’à leur extrémité supérieure ; les yeux du bas et même ceux du milieu de la tige ne s’ouvriraient pas ; le fruit, à l’époque de la maturité, ayant fort peu d’adhérence à son support, serait presque entièrement perdu, le moindre balancement suffisant pour le détacher. Si l’on donnait au contraire une taille trop courte, le framboisier ne fleurirait que du bas de sa lige ; le fruit trop près de terre serait sali par le rejaillissement de la pluie ; il importe donc de faire ouvrir et fructifier de préférence les yeux le plus favorablement placés. On taille le framboisier à 1m,30 du sol ; les tiges les plus fortes peuvent se tailler à 1m,50 et les plus faibles à un mètre seulement. Lorsque l’état de la température fait craindre des gelées tardives, on peut différer la taille du framboisier jusqu’à l’époque où les reprises du froid ne sont plus à craindre ; le framboisier ne gèle jamais que par le sommet des tiges ; la taille enlève la partie endommagée. Il ne faut cependant recourir à ce procédé qu’en cas de nécessité ; une taille tardive fatigue beaucoup les souches de framboisiers ; on s’en aperçoit à la faiblesse des rejetons et à la diminution des produits de l’année suivante. Il est remarquable que le framboisier gèle assez fréquemment en France, tandis qu’en Laponie, son pays natal, il ne gèle jamais. C’est qu’en Laponie, quoiqu’il gèle huit mois de l’année, une fois le dégel venu, le froid ne reprend plus jusqu’à la fin de la saison ; le framboisier supporte impunément le froid le plus intense quand il ne végète pas ; mais une fois entré en végétation, quelques degrés de froid détruisent tous les yeux ouverts.

Les souches de framboisiers seraient promptement épuisées si l’on laissait fructifier tous

horticulture.
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