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chap. 18e.
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DES PRAIRIES.

garnie de feuilles et qu’elle repousse promptement après avoir été coupée, de sorte qu’on pourra en avoir plusieurs coupes dans une année. Outre cela, elle supporte fort bien les plus grandes sécheresses et dure longtemps.

La Berce blanc-ursine (Herarcleum spondylium, Lin.), même famille, toujours d’après Sprengel, pourrait être placée parmi les plantes à fourrage les plus précieuses. Elle ressemble beaucoup au panais : de même que ce végétal, elle pousse des tiges hautes de 3 à 4 p., bien garnies de feuilles ; elle donne par conséquent un fourrage abondant, et très-favorable à la production du lait. — La racine fusiforme de la berce a plus d’un mètre de longueur, et il est probable qu’elle s’améliorerait par la culture ; mais on sent qu’elle exige un sol profond et fertile. À cette condition, elle peut supporter les plus grands froids et les sécheresses les plus prolongées.

Fig 700.

Plusieurs espèces de Choux (Brassica oleracea, Lin.), famille des crucifères, sont cultivées, notamment dans le nord et dans l’ouest de la France, exclusivement comme plantes fourragères ; ce sont : Le Chou cavalier (fig. 700), le meilleur peut-être à cause de son élévation et de l’ampleur de ses feuilles ; — le Caulet, qui s’en rapproche sous tous les rapports ; — le Chou branchu ou de Poitou, moins élevé que le cavalier, mais garni fort souvent de jets nombreux qui se développent tout le long de la tige ; — le Chou vivace, généralement plus élevé que celui de Poitou et moins ramifié à la partie basse de la tige ; — le Chou en arbre de Laponie, qui ne paraît être qu’une variété locale de ce dernier ; — les Choux frisés verts ou rouges, qui diffèrent de tous les précédens par leurs feuilles découpées, parfois presque laciniées ; on les cultive de préférence dans le nord, quoique moins productifs, parce qu’ils résistent mieux aux froids très-rigoureux.

Les avantages principaux des choux dans la grande culture, sont : 1° de procurer une nourriture verte, abondante et très-recherchée du gros bétail en général, pendant tout le cours de l’hiver : dans les contrées où le foin fait encore seul ou presque seul la base de l’alimentation des animaux, ce premier point est surtout d’une grande importance ; — 2° d’exiger l’emploi d’engrais et la pratique de binages qui les rendent une fort bonne culture préparatoire pour d’autres récoltes fourragères ou céréales. Mais, à côté de ces avantages, il faut noter que ces plantes sont assez épuisantes, lors même qu’on ne leur permet pas de monter en graines, parce qu’elles ne laissent aucune de leurs dépouilles sur le sol. Aussi, tant pour leur propre réussite que pour celle des cultures suivantes, faut-il les fumer abondamment.

On sème tous les choux-fourrages en pépinière, le plus souvent en mars et avril, pour les mettre en place de septembre en novembre, aux approches des premières pluies d’automne ; quelquefois en juillet et août, pour les transplanter en avril ou mai, par l’un des procédés qui ont été indiqués pour le colza. — L’espacement varie de 2 à 3 pieds (0m 650 à 1 mètre), selon l’espèce cultivée et la fertilité du terrain. — Pendant toute la durée de leur végétation, c’est-à-dire le printemps de la 2e année, on entretient le sol meuble et net de mauvaises herbes par des labours ou des binages. À cette dernière époque, quelques cultivateurs les laissent monter et même grener pour continuer d’affourrager les animaux de leurs tiges florales jusqu’à l’entier épanouissement, ou pour récolter la graine. (Voy. pag. 7 et suivantes du liv. 2)

Les Choux-Navets (Brassica napo-brassica, Lin.) ont de grosses racines charnues analogues à celles des navets, et qui jouissent de la précieuse propriété de se conserver intactes dans le sol même pendant les fortes gelées, de sorte qu’on peut ne les extraire qu’au fur et à mesure des besoins de la consommation. La manière de les cultiver en grand est la même que pour les précédens ; seulement 12 à 15 po. (0m 325 à 0m 406) suffisent entre chaque pied. Dans quelques lieux, on les sème cependant en place de la fin d’avril à la mi-juin. J’ai éprouvé cette méthode, et j’ai trouvé que, dans un sol bien préparé, elle donnait des résultats plus avantageux que la transplantation.

Le Chou rutabaga (Brassica rutabaga) se distingue particulièrement du chou-navet à la couleur jaunâtre de sa racine et aux découpures plus profondes de ses feuilles. Ses avantages et les soins qu’il exige sont à très-peu près les mêmes. Comme culture potagère, le rutabaga m’a toujours paru préférable au chou-navet à cause de sa saveur. Il n’est pas inutile d’ajouter qu’il se forme plus vite que ce dernier, et que conséquemment on peut, on doit même le semer plus tard.

Les choux à racines charnues sont trop peu répandus dans la grande culture ; ils donnent, dans les terres argilo-sableuses et même sablo-argileuses fertiles ou suffisamment fumées, un produit d’autant plus important que l’emploi des racines n’exclut pas celui des feuilles.

Le Chou-Colza (Brassica oleracea campestris, D.), dont il a été parlé, pag. 2 et suivantes du livre 2, sous d’autres rapports, est aussi cultivé dans quelques lieux comme fourrage. La meilleure manière d’en tirer parti, en pareil cas, est de le semer à la volée sur le chaume, immédiatement après la moisson, à l’aide d’un fort hersage ou d’un seul trait d’extirpateur, à raison de 4 à 5 kilog. par hectare. Lorsque le froid n’endommage pas le semis, on obtient ainsi, dès le premier printemps, un fourrage précieux à cette époque.

Le Chou-Navette (Brassica napus sylves-