Page:Maistre - Du pape suivi de l'Église gallicane, Goemaere, 1852.djvu/111

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C’est un étrange phénomène que celui des principes de Hobbes enseignés dans l’Église catholique ; mais il n’y a pas, comme on voit, le moindre doute sur la rigoureuse identité des deux doctrines. Hobbes et Jansénius étaient contemporains. Je ne sais s’ils se sont lus, et si l’un est l’ouvrage de l’autre. Dans ce cas, il faudrait dire de ce dernier : Pulchrâ prole parens ; et du premier : Pulchro patre satus.

Un ecclésiastique anglais nous a donné une superbe définition du calvinisme. « C’est, dit-il, un système de religion qui offre à notre croyance des hommes esclaves de la nécessité, une doctrine inintelligible, une foi absurde, un Dieu impitoyable[1]. »

Le même portrait peut servir pour le jansénisme. Ce sont deux frères dont la ressemblance est si frappante, que nul homme qui veut regarder ne saurait s’y tromper[2].

Comment donc une telle secte a-t-elle pu se créer tant de partisans, et même de partisans fanatiques ? Comment a-t-elle pu faire tant de bruit dans le monde ? fatiguer l’État autant que l’Église ? Plusieurs causes réunies ont produit ce phénomène. La principale est celle que j’ai déjà touchée. Le cœur humain est naturellement révolté. Levez l’étendard contre l’autorité, jamais vous ne manquerez de recrues. Non ser-

  1. Calvinism has been admirably defined by Jortin a religious system consisting of human creatures without liberty, doctrines without sense, faith without reason and a god without mercy. (Anti-Jacobin, July, 1803, in-8o, page 241.)

    Le rédacteur appelle lui-même le calvinisme that wild and blasphemous system of theology (Sept. 1804, no 75, pag. 1.) Les Anglais diront ce qu’ils voudront, et certes je n’ai pas envie de les contredire sur ce point, mais il est cependant vrai que cela s’appelle battre son père.

  2. Les raisonneurs de calvinistes Et leurs cousins les Jansénistes, Volt. poés. mêl. no CXCV.

    S’il n’a pas dit frères au lieu de cousins, il ne faut s’en prendre qu’à l’e muet, Gibbon a dit à son tour : Les molinistes sont écrasés par l’autorité de s. Paul, et les jansénistes sont déshonorés par leur ressemblance avec Calvin. (Hist. de la décad., t. VIII, ch. xxxiii.) Je n’examine point ici la justesse de l’antithèse, je m’en tiens au fort de la ressemblance.