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CHAPITRE IX.


PASCAL CONSIDÉRÉ SOUS LE TRIPLE RAPPORT DE LA SCIENCE, DU MÉRITE LITTÉRAIRE ET DE LA RELIGION.


Port-Royal eut sans doute des écrivains estimables, mais en fort petit nombre, et le petit nombre de ce petit nombre ne l’éleva jamais dans un cercle très-étroit au-dessus de l’excellente médiocrité.

Pascal seul forme une exception ; mais jamais on n’a dit que Pindare donnant même la main à Épaminondas, ait pu effacer dans l’antiquité l’expression proverbiale : L’air épais de Béotie. Pascal passa quatre ou cinq ans de sa vie dans les murs de Port-Royal, dont il devint la gloire sans lui devoir rien ; mais quoique je ne veuille nullement déroger à son mérite réel qui est très-grand, il faut avouer aussi qu’il a été trop loué, ainsi qu’il arrive, comme on ne saurait trop le répéter, à tout homme dont la réputation appartient à une faction. Je ne suis donc nullement porté à croire que chez aucun peuple et dans aucun temps il n’a existé de plus grand génie que Pascal[1] ; exagération risible qui nuit à celui qui en est l’objet, au lieu de l’élever dans l’opinion. Sans être en état de le juger comme

  1. Discours sur la vie et les ouvrages de Pascal, pag. cxxxix, à la tête des Pensées. Paris, Renouard, 1803, in-8o tom. I. Les mathématiques ayant fait un pas immense par l’invention du calcul différentiel, l’assertion qui place Pascal au-dessus de tous les géomètres de cette nouvelle ère, depuis Newton, et Leibnitz jusqu’à M. De la Place, me semble au moins une erreur grave. Je m’en rapporte aux véritables juges.