Page:Maistre - Du pape suivi de l'Église gallicane, Goemaere, 1852.djvu/137

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Je m’en tiens au reste à ces autorités, ne croyant point du tout que la découverte d’une vérité difficile, il est vrai, pour ce temps-là, mais cependant accessible à plusieurs esprits de ce temps-là, puisse élever l’inventeur au rang sublime qu’on voudrait lui attribuer dans cet ordre de connaissances.

Pascal d’ailleurs se conduisit d’une manière fort équivoque dans toute cette affaire de la cycloïde. L’histoire de cette courbe célèbre qu’il publia est moins une histoire qu’un libelle. Montucla, auteur parfaitement impartial, convient expressément que Pascal ne s’y montra ni exact, ni impartial ; que tout grand homme qu’il était, il paya cependant son tribut à l’infirmité humaine, se laissant emporter par les passions d’autrui, et oubliant la vérité pour écrire dans le sens de ses amis[1].

Les contestations élevées au sujet de la cycloïde avaient égaré l’esprit de ce grand homme, au point que, dans cette même histoire, il se permit, sur de simples soupçons en l’air, de traiter sans détour Torricelli de plagiaire[2]. Tout est vrai et tout est faux au gré de l’esprit de parti ; il prouve ce qu’il veut, il nie ce qu’il veut ; il se moque de tout et ne s’aperçoit jamais qu’on se moque de lui. On nous répète sérieusement,

  1. Montucla, Hist. des mathém. pag. 55, 59 et 60.
  2. « Pascal, dans son Histoire de la Roulette, traita sans détour Torricelli de plagiaire. J’ai lu avec beaucoup de soin les pièces du procès, et j’avoue que l’accusation de Pascal me paraît un peu hasardée. » (Disc, sur la vie et les ouvrages, etc., pag. xciij.) Il va sans dire que ces mots un peu hasardée, à cette place et sous cette plume, signifient tout à fait impardonnable.