Aller au contenu

Page:Maistre - Du pape suivi de l'Église gallicane, Goemaere, 1852.djvu/141

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

est un grand défaut de l’ouvrage : c’est toujours un jésuite sot qui dit des bêtises et qui a lu tout ce que son ordre a écrit. Mme de Grignan, au milieu même de l’effervescence contemporaine, disait déjà en bâillant : C’est toujours la même chose, et sa spirituelle mère l’en grondait[1].

L’extrême sécheresse des matières et l’imperceptible petitesse des écrivains attaqués dans ces lettres, achèvent de rendre le livre assez difficile à lire. Au surplus, si quelqu’un veut s’en amuser, je ne combats de goût contre personne ; je dis seulement que l’ouvrage a dû aux circonstances une grande partie de sa réputation, et je ne crois pas qu’aucun homme impartial me contredise sur ce point.

Sur le fond des choses considérées purement d’une manière philosophique, on peut, je pense, s’en rapporter aux jugements de Voltaire qui a dit sans détour : « Il est vrai que tout le livre porte sur un fondement faux, ce qui est visible[2]. »

Mais c’est surtout sous le point de vue religieux que Pascal doit être envisagé ; il a fait sa profession de foi dans les Lettres provinciales ; elle mérite d’être rappelée : « Je vous déclare donc, dit-il, que je n’ai, grâce à Dieu, d’attache sur la terre qu’à la seule Église catholique, apostolique et romaine, dans laquelle je veux vivre et mourir, et dans la communion avec le Pape son souverain chef, hors de laquelle je suis persuadé qu’il n’y a point de salut. » (Lett. XVII.)

Nous avons vu plus haut le magnifique témoignage qu’il a rendu au Souverain Pontife. Voilà Pascal catholique et jouissant pleinement de sa raison. Écoutons maintenant le sectaire :

« J’ai craint que je n’eusse mal écrit en me voyant condamné ; mais l’exemple de tant de pieux écrits me fait croire

  1. Lettres de Mme de Sévigné. (Lettre DCCLIII, du 21 décembre 1689.)
  2. Voltaire, Siècle de Louis XIV, tome III, chap. xxxvii.