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Page:Maistre - Du pape suivi de l'Église gallicane, Goemaere, 1852.djvu/143

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ment ? qu’est-ce que le conseil du roi ? qu’est-ce que le roi lui-même en comparaison de moi ?

Et tout cela de la part de celui qui n’a cessé de parler contre le moi, qui nous avertit que le moi est haïssable parce qu’il est injuste, et se fait centre de tout ; que la piété chrétienne anéantit le moi, et que la simple civilité humaine le cache et le supprime[1].

Mais tous les sectaires se ressemblent : Luther n’a-t-il pas dit au Saint Père : « Je suis entre vos mains : coupez, brûlez ; ordonnez de moi tout ce qui vous plaira[2]. » N’a-t-il pas ajouté : « Et moi aussi je veux que le Pontife romain soit le premier de tous[3]. » Blondel n’a-t-il pas dit : « Les protestants n’entendent contester à l’ancienne Rome, ni la dignité du Siège apostolique, ni la primatie… qu’il exerce d’une certaine manière sur l’Église universelle[4] ! » Hontheim (Febronius) n’a-t-il pas décidé « qu’il faut rechercher et retenir à tout prix la communion avec le Pape[5], etc., etc. ? »

Mais quand on en viendra aux explications, et qu’il s’agira de leur propre cause, ils vous diront alors « que le décret du Pape qui les a condamnés est nul, parce qu’il est rendu sans cause, sans formes canoniques et sans autre fondement que l’autorité prétendue du Pontife[6] ; que la soumission est due à ses jugements, alors seulement que les passions humaines ne s’y mêlent point, et qu’ils ne blessent nullement la vérité[7] ; que lorsque le Pape a parlé, il faut examiner si c’est le Vicaire de J.-C. qui a parlé, ou bien la cour de ce même Pontife, qui parle de temps en temps d’une manière

  1. Pensées de Pascal, tom. I, no CLXXII ; tom. II, pag. 221, no LXXXI.
  2. Epist. ad Leonem X.
  3. Epist. ad Emserum.
  4. Blondel, De primatu in Ecclesiâ, pag. 24.
  5. Febron, tom. I, pag. 170.
  6. Decretum illud est ex omni parte invalidum et nullum, quia conditum est sine causâ, etc. (Quesnel, In epist. abbatis ad quemd. curiæ rom. prælatum.)
  7. Quando non apparet admixta passio, quando veritati nullatenus præjudicat. id. ibid., pag. 3.