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CHAPITRE II


AFFAIRE DE LA RÉGALE. HISTOIRE ET EXPLICATION DE CE DROIT.


Jamais l’inflexible hauteur d’un prince qui ne pouvait souffrir aucune espèce de contradiction, ne se montra d’une manière plus mémorable que dans l’affaire célèbre de la régale.

On sait qu’on appelait de ce nom certains droits utiles ou honorifiques dont les rois de France jouissaient sur quelques églises dans leur royaume, pendant la vacance des sièges : ils en percevaient les revenus ; ils présentaient aux bénéfices ; ils les conféraient même directement, etc.

Que l’Église reconnaissante ait voulu payer dans l’antiquité, par ces concessions ou par d’autres, la libéralité des rois qui s’honoraient du titre de fondateurs, rien n’est plus juste sans doute ; mais il faut avouer aussi que la régale étant une exception odieuse aux plus saintes lois du droit commun, elle donnait nécessairement lieu à une foule d’abus. Le concile de Lyon, tenu sur la fin du XIIIe siècle sous la présidence du pape Grégoire X, accorda donc la justice et la reconnaissance en autorisant la régale, mais en défendant de l’étendre[1].

Cependant le ministère et les magistrats français, sans aucun motif imaginable que celui de chagriner le chef de l’Église, et d’augmenter la prérogative royale aux dépens de

  1. MCCLXXIV, can. XII.