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Page:Maistre - Du pape suivi de l'Église gallicane, Goemaere, 1852.djvu/94

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CHAPITRE II.


DU CALVINISME ET DES PARLEMENTS.


Les grandes révolutions, les grandes secousses morales, religieuses ou politiques, laissent toujours quelque chose après elles. Le calvinisme naquit en France : sa patrie assez vigoureuse pour vomir le poison, en demeura néanmoins notablement affectée. On vit alors ce qu’on verra éternellement dans toutes les révolutions : elles finissent, mais l’esprit qui les enfanta leur survit. C’est ce qui se vérifia surtout en France, dans les difficultés qu’on y éleva contre l’admission pure et simple du concile de Trente. En vain tous les archevêques et évêques de France en corps « reconnaissent et déclarent, dans l’assemblée de 1615, qu’ils sont obligés par leurs devoir et conscience de recevoir, comme de fait ils ont reçu, ledit concile[1]. » En vain ce corps illustre dit au roi : « Sire, le clergé de France, vu qu’il y va de l’honneur de Dieu, et de celui de cette monarchie très-chrétienne qui depuis tant d’années, avec un si grand étonnement des autres nations catholiques, porte cette marque de désunion sur le front, supplie Votre Majesté qu’il lui plaise, embrassant cette gloire de sa couronne, ordonner que le concile général et œcuménique de Trente soit accepté, etc. » En vain le grand cardinal de Richelieu, portant la parole au nom des états géné-

  1. Voyez les Mémoires du clergé pour l’année 1615.