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LIVRE I

raux de cette même année 1615, disait au roi : « Toutes sortes de considérations convient Votre Majesté à recevoir et faire publier ce saint concile…, la bonté de la chose ; vous offrant de justifier qu’il n’y a rien dans ce concile qui ne soit très-bon : l’autorité de sa cause… le fruit que produisent ses constitutions dans tous les pays où elles sont observées[1]. »

Rien ne peut vaincre l’opposition calviniste qui échauffait encore une foule d’esprits, et l’on vit arriver ce qui s’est répété si souvent en France : c’est que, dans les questions ecclésiastiques, les prélats sont obligés de céder à la puissance séculière qui appelle cette immense absurdité les libertés de l’Église.

Ce fut surtout le tiers état, c’est-à-dire le grand nombre qui s’opposa à l’admission du concile ; et cela devait être, car il y a dans le protestantisme un caractère démocratique fait pour séduire de tous côtés le second ordre.

On imagina donc dans le parti de l’opposition de recevoir le concile quant au dogme (il le fallait bien), mais non quant à la discipline.

Tant pis pour l’Église gallicane, qui dès lors a porté sur le front cette marque de désunion[2].

Mais qui furent les véritables auteurs de cette singularité choquante, si authentiquement réprouvée par le clergé de France ? « Ce furent des jurisconsultes profanes ou libertins qui, tout en faisant sonner le plus haut les libertés, y ont porté de rudes atteintes en poussant les droits du roi jusqu’à l’excès ; qui inclinent aux maximes des hérétiques modernes, et en exagérant les droits du roi et ceux des juges laïques, ses officiers, ont fourni l’un des motifs qui empêchèrent la réception du concile de Trente[3]. »

  1. Discours cité dans l’Antifebronius vindicatus, de Zaccaria, tome V, épit. II, page 93.
  2. Supr. page 48.
  3. Fleury, sur les libertés de l’Église gallic. dans ses Opusc. page 81.