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DE L’ÉGLISE GALLICANE.

L’esprit du XVIe siècle fut principalement nourri et propagé en France par les parlements, et surtout par celui de Paris, qui tirait, de la capitale où il siégeait et des hommes qu’il voyait quelquefois siéger avec lui, une certaine primatie dont il a beaucoup usé et abusé.

Protestant dans le XVIe siècle, frondeur et janséniste dans le XVIIe, philosophe enfin, et républicain dans les dernières années de sa vie, trop souvent le parlement s’est montré en contradiction avec les véritables maximes fondamentales de l’État.

Il renfermait cependant de grandes vertus, de grandes connaissances, et beaucoup plus d’intégrité que ne l’imaginaient plusieurs étrangers trompés par des pasquinades françaises.

On pouvait croire encore que tout gouvernement exigeant une opposition quelconque, les parlements étaient bons sous ce rapport, c’est-à-dire comme corps d’opposition. Je ne me sens ici nulle envie d’examiner si cette opposition était légitime, et si les maux qu’elle a produits permettent de faire attention aux services que l’autorité parlementaire a pu rendre à l’État par son action politique ; j’observerai seulement que l’opposition de sa nature ne produit rien ; elle n’est pas faite pour créer, mais pour empêcher ; il faut la craindre et non la croire ; aucun mouvement légitime ne commence par elle ; elle est destinée au contraire à le ralentir dans quelques circonstances plus ou moins rares, de peur que certaines pièces ne s’échauffent par le frottement.

Pour me renfermer dans l’objet que je traite, je ferai remarquer que le caractère le plus distinctif et le plus invariable du parlement de Paris se tire de son opposition constante au Saint-Siège. Sur ce point, jamais les grandes magistratures de France n’ont varié. Déjà le XVIIe siècles comptait parmi les principaux membres de véritables protestants, tels que les présidents de Thou, de Ferrière, etc. On peut lire la correspondance de ce dernier avec Sarpi, dans les œuvres de ce bon religieux ; on y sentira les profondes racines que le pro-