Page:Maistre - Lettres à un gentilhomme russe sur l’Inquisition espagnole, 1846.djvu/48

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monsieur le Comte, c’est qu’indépendamment des présomptions favorables qui naissent de la composition seule du tribunal, il suppose de plus une infinité de douceurs particulières que la pratique seule fait connaître et qui tournent toutes au profit de l’accusé.

Sans m’appesantir davantage sur ce sujet, je vais mettre sous vos yeux une sentence de l’Inquisition du genre le plus sévère, celle qui, sans ordonner (ce qui n’est pas possible), entraîne cependant la mort, lorsqu’il s’agit d’un crime que la loi frappe du dernier supplice.

« Nous avons déclaré et déclarons l’accusé N. N. convaincu d’être hérétique-apostat [1], fauteur et receleur d’héré-

  1. Il ne s’agit donc pas de l’hérétique simple, mais de l’hérétique apostat, c’est-à-dire du sujet espagnol convaincu d’avoir apostasié et d’en avoir donné des preuves extérieures, sans lesquelles il n’y aurait pas de procès.