Page:Maistre Xavier de - Oeuvres completes, 1880.djvu/344

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elle avait trouvé plusieurs jeunes filles qui faisaient la même route qu’elle jusqu’au village voisin, éloigné d’Ischim d’environ vingt-cinq verstes. Chemin faisant, elles furent accostées par une bande de jeunes paysans dont quelques-uns étaient à moitié ivres ; ils descendirent de cheval sous prétexte de les accompagner : c’était à l’entrée d’un grand bois. Les voyageuses alarmées ne voulurent point s’y acheminer avec eux : elles avaient quelques provisions, et s’assirent au bord du chemin pour se restaurer, en priant les villageois de continuer leur route ; mais ils s’assirent avec elles, en déclarant vouloir partager leur déjeuner, et les accompagner ensuite jusqu’au village. Dans cette perplexité, Prascovie, pour éloigner ces importuns, crut pouvoir employer une petite ruse, qui lui réussit : « Nous irions volontiers avec vous, leur dit-elle ; mais nous devons attendre ici mes frères, qui nous amènent des chariots pour nous transporter. » Les jeunes gens virent en effet dans l’éloignement deux chariots que Prascovie avait aperçus avant eux ; bientôt après ils remontèrent à cheval et disparurent. « C’était un petit mensonge, disait-elle en racontant sa première aventure ; mais il ne m’a pas porté malheur. » Elle parvint heureusement au village où elle devait s’arrêter, et logea