Page:Maizeroy – L’Amour qui saigne, 1882.djvu/14

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draps parfumés de la couche nuptiale. Il était parti pour la croisade — le jour du mariage — sans écouter les derniers épithalames que marmottait le chapelain, sans effleurer de ses lèvres rudes la bouche rose de sa jeune épousée.

Et elle attendait le retour, comptant les mois, comptant les heures, écoutant bourdonner à ses oreilles la mélancolisante complainte de l’ennui, tandis qu’elle égrénait son rosaire d’ivoire, ou que jouant du rebec, le coude appuyé sur des coussins, elle contemplait d’un regard fixe, par les vitraux entr’ouverts, l’Océan où n’apparaissaient pas encore les nefs impatiemment désirées. À la voir avec ses larges yeux avivés de cernures bleuâtres,