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Page:Maizeroy - Deux amies, 1885.djvu/176

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LES PARISIENNES

exhalant l’odeur rance des choses anciennes oubliées et il fallait grimper au haut d’une échelle pour découvrir les bons auteurs, qui, comme l’a dit Gautier, n’ont pas écrit pour les petites filles auxquelles on fait des tartines de confitures. Mlle Moïnoff retirait de préférence les galants libertins du dix-huitième siècle, ces petits bouquins illustrés d’estampes voluptueuses qui donneraient de l’esprit à la béguine la mieux cloîtrée.

Elles étaient amusantes au possible, perchées l’une à côté de l’autre sur l’échelle qui craquait, poussant des cris d’effroi, renversant des piles de bouquins, riant de certains titres osés, d’un bout de phrase lue d’un coup d’œil, ne sachant lequel choisir, car elles eussent voulu les feuilleter tous à la fois et tremblant qu’on ne les surprît tout à coup en cette maraude.

Puis elles s’asseyaient sur une chaise longue de style ancien qui barrait une des encoignures de la pièce et lisaient vite, en même temps, dévorant les pages, arrêtées de-ci de-là par des passages trop raides qui les effarouchaient