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Page:Maizeroy - Deux amies, 1885.djvu/177

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DEUX AMIES

instinctivement. Leurs têtes blondes se rapprochaient au-dessus du livre et elles avaient les mêmes regards humides, les mêmes exclamations de surprise curieuse — des « oh ! ma chère » pudiques qui accompagnaient bien la palpitation de leurs narines dilatées et les chaudes plaques de rose dont se teintaient leurs joues. Tout cet amour qu’elles remuaient, tous ces raffinements de passionnées qu’elles découvraient comme une Floride encore inexplorée, les questions délicates qu’elles se posaient, les points difficiles dont elles cherchaient la solution les abattaient, leur soufflaient aux lèvres des bouffées de désir exaspéré et impatient. Le livre roulait sur le tapis, leurs lèvres se joignaient et elles frissonnaient en se touchant. Mais ce n’étaient que des étreintes brèves, des engourdissements langoureux où leurs yeux se miraient dans leurs yeux, où leurs bouches se heurtaient et se retiraient. La même romance roucoulée à deux voix toujours sur le même ton, toujours avec les mêmes gestes.